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 Nouvelle page 3        

        Josiane

 

         Depuis des années Josiane me disait : maintenant tu sais pourquoi tu es sur terre. Mais moi ? C’est quoi mon karma ? Pour la taquiner je lui disais : ton karma c’est d’avoir été ma femme et la mère de mes enfants ! Elle ne supportait pas ça ! Elle refusait cette réalité ! Personne ne pourrait nier que Josiane est une mère exemplaire ! Sûrement son coté italien ! Tous les gosses l’appellent « mamé ». Moi je la taquinais en lui disant que c’était « ma Sarah » car dans la bible les « Sarah » sont souvent des servantes.

 

         Quand j’ai fait le dernier texte « les autres » je ne pensais pas que je serais aussi clair voyant. D’ailleurs le jour où j’ai fait ce texte j’ai eu l’impression de pratiquer l’écriture automatique. Rappelez-vous que j’ai terminé ce texte le 24 mai 2002 au lieu d’aller aux Stes Maries de la mer. Sûrement encore le destin !

 

         Le 3 juin Josiane devait passer un IRM car elle souffrait beaucoup de son épaule ! Il faut savoir que Josiane est claustrophobe  et que deux mois plus tôt j’avais également passé ce genre d’examen. Ce jour là je m’étais dépersonnalisé au moment de rentrer dans le tunnel de l’IRM. Je peux vous dire que mon esprit flottait au dessus de mon corps ! Ensuite j’ai mis au moins 5 minutes à raccrocher les wagons, comme je dis !

 

         La veille nous avions été à une fête chez des amis et toute la soirée nous avions blagué sur ce sujet de l’IRM, sachant que Josiane devait y aller le lendemain. Dans la conversation elle avait précisé : si un jour il arrive quelque chose, je refuse l’acharnement thérapeutique. Elle avait précisé, en me désignant du doigt, qu’elle savait que je ferais tout pour la sauver. Elle a dit aussi qu’elle voulait faire un testament pour qu’on la laisse partir en paix le jour où elle aurait un accident.

 

         Dans la nuit du 3 juin au 4 juin nous devions partir sur Paris, pour qu’elle aille garder Lola (ma petite fille) dans le but que Laetitia (ma fille) puisse travailler.

 

         Avant d’aller passer cette IRM Josiane a réglé tout ce qui était en souffrance ! Donc elle m’a demandé d’aller à la poste. Dans son courrier il y avait aussi les papiers pour une assurance décès que nous avions décidé de renouveler.

 

         Quand nous arrivons à l’hôpital pour cet examen nous avons été obligé d’attendre plus d’une heure. Tout était stoppé ! Je n’en connais pas la raison. Est ce que l’appareil était en panne ? Ce qui est sur, c’est que lorsque je fumais une cigarette dehors, j’ai vu le technicien de maintenance partir. J’ai toujours été persuadé qu’au dernier moment elle refuserait de faire cet examen. Josiane est hyper claustrophobe. Nous avons discuté avec la personne qui devait pratiquer cet examen. Nous avons même parlé de mon problème que j’avais eu deux mois plus tôt. J’ai expliqué à cette femme qu’il était illogique de rentrer dans ce tunnel par la tête. C’est contraire à la logique de la naissance. On sort par la tête et on part les pieds devant. On blaguait sur le sujet, Josiane aussi ! Il fut décidé que je tiendrais la main de Josiane tout le temps de cet examen. Puis, qu’on allait faire un essai pour que Josiane dise si elle était certaine de bien vouloir continuer. En plus il fut décidé qu’au lieu d’être sur le dos elle serait sur le ventre pour ne pas voir le plafond de ce tunnel. Josiane redoutait le peu de distance entre son visage et le plafond du tunnel !

 

         Juste avant de s’allonger elle a eu un léger malaise. Le même genre de malaise dont on cherchait la raison depuis plus de deux ans. Elle avait été hospitalisée pour ce problème mais les toubibs disaient que c’était du à son cancer de la thyroïde, vieux de plus de 25 ans.  Elle a décidé d’elle même de vouloir continuer ! Elle a dit : je souffre de trop ! Je suis là alors allons y ! Il ne s’agissait que d’un simple examen de l’épaule !

 

         Elle s’est allongée. On l’a aidée à s’installer confortablement et tout d’un coup elle s’est effondrée : pas un mot ni une plainte. Heureusement que l’examen n’était pas commencé. Normalement cet examen dure 45 mn. Tout de suite ce fut la panique. Josiane n’avait aucune réaction. La seule chose qu’on pouvait voir c’est qu’elle bavait. Une sorte de mousse ! Plus le temps passait et plus elle devenait livide.

 

Un Médecin qui passait là par hasard est venu de suite à notre secours. Je me rappelle qu’il y avait des autres personnes avec lui, mais un seul est resté avec nous. La pauvre femme courrait de partout pour trouver les instruments nécessaires que lui réclamait ce médecin. Ils avaient beau me dire qu’il arrivait fréquemment que des gens fassent des crises d’épilepsie, je savais qu’il se passait quelque chose de grave. Je précise que je me rappelle avoir entendu ce médecin dire : mais qu’est ce qui se passe ? C’est la deuxième fois depuis ce matin ! En plus la technicienne n’arrêtait pas de me dire : ne vous inquiétez pas ! C’est souvent que les gens font des crises d’épilepsie. Josiane ne respirait plus, sauf quand je hurlais son nom ! Josiane est une femme de forte corpulence ! J’ai eu un mal fou à la remettre sur le dos. Pendant ce temps le médecin lui massait les carotides pour faire circuler le sang vers le cerveau. Moi je lui maintenais les jambes en hauteur dans le but de ramener le sang vers le cerveau. Le 3e homme faisait tout pour lui insuffler de l’air. Je voyais qu’il paniquait plus que nous tous ! A chaque fois que je hurlais : « Josiannne », sa cage thoracique  doublait de volume. Je n’avais jamais vu ça ! Quand elle expulsait l’air c’était si violent que ça refoulait l’appareil qui servait à lui insuffler de l’air. Tout ceci a duré plus de 10mn et croyez moi dix minutes c’est une éternité. Les gens du Samu ont mis tout ce temps pour traverser l’hôpital. Ce médecin n’arrêtait pas de regarder sa montre, et plus le temps passait plus il commençait à avoir peur pour Josiane. Quand ils sont arrivés ils m’ont demandé de partir. J’ai refusé et le médecin qui était là a refusé également que je sois refoulé !

 

         Josiane a donc été conduite au service des urgences. Elle y est restée jusqu'à 1 heure du matin. Le médecin qui avait pris le relais était un mec génial. A dix heures du soir il m’a annoncé que Josiane avait fait une rupture d’anévrisme due au stress et à la peur ! Ce médecin m’a expliqué que l’artère c’est comme une chambre à air qui a une hernie. Plus il y a de pression plus la hernie gonfle jusqu’au moment ou elle explose !

 

         Rappelez vous dans le texte « les autres » je parlais des autres qui lui avaient mené la  vie dure. Vous savez ces pseudos fonctionnaires qui lui refusaient tout parce que c’était une parisienne qui venait chez eux et qui réclamait ses droits comme tous les Français. Les autres faisaient leurs lois et refusaient tout en bloc. Josiane ne voulait nuire à personne. Moi non plus alors je lui donnais ce qu’ils lui refusaient. C’était un cercle vicieux qu’il fallait briser, car plus ils refusaient et plus j’étais obligé de m’investir pour elle. De ce fait ils avaient encore plus de moyens de tout lui supprimer. Je vous rappelle que depuis 94 nous étions séparés et que moi je voulais vivre loin de tous ces gens. Ma seule idée c’était de vivre libre sans nuire à personne. Durant ces 3 ou 4 années qui ont précédé ce clash ces pseudos fonctionnaires ont tout fait pour la mettre en danger. J’ai fait des tas de courriers pour les mettre en garde. Josiane avait eu un cancer. Lui supprimer sa sécurité sociale c’était la mettre en danger. Ces gens là me disaient : vous on ne veut pas vous connaître. En revanche nous venions d’avoir le double du dossier informatique de Josiane et là ils ne pourront jamais dire qu’ils ne me connaissaient pas ! Il y a toutes les preuves du harcèlement qu’ils faisaient à Josiane, mais aussi toutes les manœuvres qu’ils ont fait avec d’autres administrations dans le seul but qui était de me nuire ! Réponse logique à un parisien qui réclamait ses droits de citoyen Français ! Quand on leur mettait les lois sur la table ils les rejetaient violemment sans même les regarder ! Résultat Josiane a été hospitalisée et sa couverture sociale était la même que celle des étrangers.

 

         Il faut savoir aussi que Josiane avait été hospitalisée deux fois dans cet hôpital ! La première fois c’était justement pour des malaises où Josiane ne perdait jamais conscience mais c’était limite. La conclusion fut de dire que c’était un anneau au niveau du cou dû au stress. Notre médecin de campagne avait voulu une hospitalisation pour en savoir plus ! Huit jours d’hospitalisation pour s’entendre dire qu’il fallait la réopérer de son cancer de la thyroïde, vieux de 25 ans, ou alors que c’était dû à la ménopause. Maintenant j’ai envie de hurler depuis que je sais que ça provenait de cette hernie qui couvait. Je précise que ses malaises survenaient à chaque fois que ces pseudos fonctionnaires lui faisaient des misères. Il suffirait de comparer son dossier de sécurité sociale et les harcèlements de ces gens. Ce droit m’a été refusé par le directeur de la CPAM. C’est le copinage !

 

         Vers onze heures du soir le médecin, des urgences, me prend à part pour m’expliquer tout en détails. Il me dit : il ne reste plus qu’à prier ! Ce qu’a eu votre femme c’est très grave. Votre femme se trouve dans un coma profond. En plus de la rupture d’anévrisme elle a aussi un oedème au poumon. C’était sûrement dû à la bagarre que nous avions menée pour la maintenir en vie.  Il me dit : Si vous voulez prévenir quelqu’un il ne faudrait pas trop tarder. Il serait mieux de le faire maintenant ! Dans la soirée j’avais prévenu mes filles, j’ai donc décidé de les rappeler. C’est ce médecin qui a composé le numéro de téléphone. J’ai donc annoncé la nouvelle à mes filles ! La situation était grave.  Le médecin m’avait dit que c’étaient les premières 24 heures qui seraient décisives. Ensuite il m’a proposé de rester auprès de ma femme le temps que je voudrais ! J’avais prévenu Patricia et Stéphane car j’avais rendez-vous avec eux dans la soirée. Ils sont venus dès qu’ils ont appris la nouvelle. Stéphane est resté avec moi pendant plus de huit jours. Je peux dire aujourd’hui qu’il m’a été d’un grand secours ! La première chose qu’il m’a dit c’est : rappelle toi ta devise ! J’ai deux devises : C’est voir loin au milieu. La seconde c’est : quoi qu’il arrive la roue tourne et tournera encore. Ce jour là c’était le moment de les mettre en pratique.  Je porte en permanence une croix assez spéciale. C’est une croix que m’avait achetée Josiane le jour de la Ste Marie. Cette croix vient de l’abbaye de Ligugé. Ce sont les moines de St Benoist et de St Martin. Cette croix a été bénie ce jour là par un moine mais aussi par un cardinal ! Elle mesure 8 cm de long et 5 cm de large. Peu de gens savent que je porte cette croix ! Quand Josiane a eu son « clash » j’avais cette croix dans ma main. Je la serrais si fort que si j’avais pu, je l’aurais écrasée ! En la serrant j’appelais : au secours ! J’appelais Blaise, j’appelais Marie, j’appelais Dieu tu m’as dit qu’on ne pouvait appeler ou parler à Dieu, du à son inaccessibilité, je ne comprends plus rien !) ! Un jour comme celui ci ils ne pouvaient pas me trahir, ou me laisser tomber!

 

         De sept heures du soir jusqu’à 1 heure du matin vous ne pouvez pas imaginer tout ce qui m’est passé par la tête. J’ai tout fait pour rester lucide et me conduire en homme. On a envie de tout casser et de tout exploser ! Une fois de plus, j’ai appelé mon ami Gérard car je savais qu’il serait de bons conseils. En fait il ne savait pas quoi dire ce jour là ! Tout le monde était effondré. Personne ne pouvait imaginer qu’une femme si gentille partirait comme ça !

 

         Petit à petit j’ai réussi à admettre la gravité du problème. Ce médecin s’est comporté avec moi « en homme ». C’est cela qu’il me fallait ! Du coup nous avons parlé d’autre chose et j’ai découvert qu’il était Libanais. Un Libanais qui me parlait de Dieu ! J’ai pris ça comme un signe venant de Dieu, lui même, car je me suis rappelé ce Libanais en Arabie qui m’avait enseigné la Genèse. Un Libanais m’avait réconcilié avec Dieu et au moment où j’ai le plus besoin de Dieu c’est un Libanais qui me disait de prier Dieu. Il me dira qu’il n’était pas musulman mais catholique orthodoxe ! Drôle de hasard !

 

         Une fois Josiane installée dans le service de réanimation intensive, je suis rentré à la maison. J’attendais mes filles qui avaient pris la route de suite pour se rendre au chevet de leur mère. Mes trois filles sont venues, d’un seul bloc. Toute la nuit j’ai discuté avec Stéphane. On ne peut pas imaginer tout ce qui remonte à la surface. C’est terrible. Il suffit d’un petit détail pour vous en rappeler 10 autres. Au petit matin mes filles sont arrivées ainsi que mes petits enfants. Le père de Kévin était là aussi. Il avait accompagné ma fille Nathalie et ma fille Sabrina. J’ai refusé de le voir repartir comme il était venu. Nous avons toujours été fâchés, mais par respect et pas décence, je lui ai fait à manger puis je lui ai proposé un lit pour se reposer. Nathalie et Sabrina ne réalisaient pas la situation. Je me rappelle de les voir sur le canapé toutes les deux en train de rigoler. Je suis persuadé qu’elles ont cru que j’avais exagéré les faits. Mais le lendemain quand elles ont vu leur mère, tout s’est effondré en elles. Tant qu’on ne voit pas on ne peut pas réaliser. On a l’impression de voir un mort qui vit avec des machines. Tous ces appareillages, ces seringues automatiques, mais surtout le nombre incalculable de tuyaux, c’est horrible. En voyant Josiane ainsi j’avais l’impression de revoir sa mère à la fin de sa vie.

 

         En arrivant à l’hôpital, quand nous avons demandé pour voir Josiane on nous refusait tout en bloc. Aucunes informations ni aucune possibilité de voir un médecin. Impossible de savoir si Josiane était morte ou vivante. Mes filles s’étaient rendues directement à l’hôpital après avoir roulé toute la nuit, sur les routes, et elles se retrouvaient devant une porte close. Mes filles travaillent toutes dans le médical donc elles connaissent toutes les ficelles du métier. Elles ont été au secrétariat médical pour exiger de voir un médecin immédiatement. Quelle erreur ! L’attente a duré une heure trente. Le médecin nous a reçus comme des chiens. Plus tard il dira qu’il a été agressé par mes filles. Et oui il s’est senti agressé d’être obligé de nous donner des explications sur l’état de santé de Josiane, mais aussi sur l’accueil qu’on avait eu à la porte de ce service ! C’était l’ignorance totale et le silence total ! Du coup ce médecin nous a emmenés dans un bureau avec une violence telle que mon petit fils en est tombé dans les pommes ! Une fois de plus c’est moi qui me suis occupé de ranimer le petit fils avec l’aide de sa mère et de sa tante ! Ce toubib n’a pas bronché une minute !  La seule chose qu’il demandait c’est de l’aide à l’extérieur ! Drôle de comportement pour un médecin réanimateur ! Mais quand l’aide est arrivée mon petit fils avait repris ses esprits ! Je dois dire qu’en d’autres temps à ce toubib là je lui aurais brisé les reins ! Je me suis retenu car c’est lui qui détenait la vie de Josiane entre ses mains. Quelque part c’est un chantage. A ce moment précis est arrivé le médecin qui était présent lors du clash de Josiane. Je parle de celui qui lui massait le cou pour faire circuler le sang. Il s’interpose et dit : Mr Martin à des droits car sans lui et moi Mme Martin ne serait pas là aujourd’hui ! Ensuite je découvre que ce médecin, c’est lui qui a pratiqué le matin même l’embolisation de son artère qui avait explosée.

 

         Quand j’apprends cela je réalise que Josiane avait bénéficié d’une protection incroyable. Il n’est plus question de dire que ce sont les hasards. Le soir nous devions aller à Paris. Jamais je n’aurais pu la sauver, seul sur la route et dans la nuit. Josiane se trouve dans l’hôpital et ce médecin est là comme par hasard. Si elle avait eu ce clash pendant l’examen qui dure 45 mn, elle serait décédée.  Quinze jours plus tôt nous devions aller aux Stes Maries. Qu’auriez vous pensé si elle était décédée là bas, ou sur la route, pour aller là bas ? Si Josiane avait eu ce clash chez elle, 60 km la séparaient de l’hôpital. Plus tard quand on a commencé de compter les jours ce médecin m’a dit: n’oubliez, jamais qu’elle était morte et que tous les jours gagnés sont un miracle. Vous devez considérer ça comme un bénéfice. Le plus troublant c’est que le 3 juin c’est la St Kévin et que c’est aussi le 11e anniversaire de la mort de ma belle mère. Je ne pouvais pas accepter ça encore. Toute ma vie est ponctuée de détails de ce genre avec les dates et les nombres.

 

         Dans le bureau la conversation est toujours restée tendue et ce médecin très nerveux nous a dit ceci : Il faut que vous sachiez que 50% des malades n’arrivent jamais à l’hôpital. Sur les 50% restants la moitié, ne passent pas les 48 heures. Et sur les 25% restants on ne peut rien prédire. J’ai jamais pu digérer cette phrase et je me suis dit : si Josiane a eu toutes ces chances avec elle, jamais elle serait faire partie des 75% qui sont condamnés d’avance.

 

         La rage est venue en moi (la fureur comme dit Blaise). Il était hors de question que Josiane ne s’en sorte pas ! Et là j’ai senti que Dieu, Marie et Blaise étaient avec moi. Si je devais justifier ce point de vue je dirais que le mystère du saint esprit qu’utilisent les Pentecôtistes était en moi. Pas besoin d’amulette ou d’une croix pour cela.

 

         Dans le bureau nous avons eu un autre problème qui était de taille. Nathalie nous a rappelé que Josiane refusait l’acharnement thérapeutique. Les deux médecins ont refusé catégoriquement ses idées sur le sujet. Ils ont précisé qu’en aucun cas il ne s’agissait d’un acharnement mais d’une tentative de sauver une personne en danger. Nathalie restera sur ses positions. Nous en avons reparlé et depuis je suis fâché avec elle. J’affirme que même si Josiane avait écrit cela pour garantir qu’on la laisserait partir en paix, il est impossible d’y penser quand cela arrive. L’instinct c’est d’empêcher de laisser mourir ! Il y a le coté égoïste qui fait qu’on refuse de perdre l’être cher et peu importe les conséquences. On ne pense qu'à refuser la mort. Qui peut juger de cela ?

 

         Avec le recul je me suis posé une autre question sur l’euthanasie. Le malade est condamné et pour lui éviter de souffrir on le plonge dans le coma. N’est ce pas une forme d’euthanasie ? J’avais eu ce genre de discussion avec Blaise qui m’avait dit qu’on n’avait pas le droit de priver quelqu’un de vivre sa mort. Au moment de mourir certaines personnes ont des révélations. Certaines aimeraient pouvoir dire tout simplement : au revoir. D’autres aimeraient pardonner ou être pardonnées. Ce ne sont que des exemples mais beaucoup de personnes ont des choses à régler avant de mourir. La différence fondamentale entre cette forme d’euthanasie et la vraie c’est que la personne donne son accord pour être euthanasié. En les plongeant dans le coma on ne leur demande rien !

 

         J’étais tellement sûr que Josiane allait s’en sortir que j’ai dit à mes filles de rentrer chez elles et d’aller travailler dans le but de garder leurs congés pour le jour où Josiane sortirait du coma. Le soir même elles sont rentrées à Paris sauf Laëtitia qui n’avait pas d’obligations particulières à Paris. C’est Olivier qui les a ramenées.

 

         Les voisins ont vu que mes filles étaient là. Puis ils ont appris que Josiane avait fait une rupture d’anévrisme. Aussitôt ils ont eu très peur car l’après midi même je m’étais disputé avec eux au sujet des cadavres d’animaux et des mouches qui prolifèrent à la vitesse grand V. J’en parle dans le texte : les autres. Ce jour là l’engueulade avait été violente dans le verbe. Depuis ils se font tout petits et se cachent dès qu’ils me voient. Ils savaient que je n’allais pas les louper. J’ai fait la guerre avec les autorités compétentes qui était laxistes et depuis tout est acceptable. Je vais juste poser une question : est ce que tous ces produits chimiques pour tuer les mouches ou autres bestioles n’altèrent pas nos vaisseaux sanguins ? Je pense aussi à ces produits qu’on met sur la terre pour en tirer un profit maximum. C’est une autre pollution mais c’est aussi un poison. L’air en est pollué et nous détruit à petit feu.

 

         Pendant 3 jours je n’ai pas dormi! J’avais l’impression de vivre un cauchemar. On ne peut pas imaginer tout ce qui revient à la surface. Chaque détail, aussi petit soit-il, nous rappelle autre chose. Une chose me hantait : c’était l’assurance décès. Pourquoi on  avait reçu les papiers le 28 mai et, qu’on les avait postés le jour même de ce clash ? J’avais l’impression que tout avait été programmé. Mais aujourd’hui que j’ai les idées plus claires, je peux dire que tout avait été prévu pour sauver Josiane. Je peux dire que j’ai été de surprises en surprises, vous le verrez plus tard.

 

         Je téléphonais 3 ou 4 fois par jour à l’hôpital et j’y allais tous les après midi. A chaque fois la seule réponse qu’on obtient c’est : état stationnaire ! Rien d’autre, aucune information ! J’avais la notion d’essayer de minimiser le temps perdu par ces soignants pour venir me donner des nouvelles au téléphone. Souvent je téléphonais à 4h du matin et c’était mon somnifère. J’ai toujours eu l’habitude de dormir par étapes. Je dors deux heures par ci par là. Je préfère cela plutôt que de me droguer avec des cachets. Un jour une infirmière m’a demandé si je dormais ? Elle était étonnée que je sois toujours là à l’hôpital ou près du téléphone. Ce qu’elle ne savait pas, c’est qu’en plus j’avais recommencé d’écrire. Pendant 3 jours j’avais refusé de dialoguer avec mais le 4e jour c’est moi qui ai voulu écrire. Je peux dire que pendant les jours et les semaines qui vont suivre j’écrivais régulièrement 6 à 8 pages recto verso, voir dix parfois. Ceci m’a permis de comprendre que ce qui venait d’arriver à Josiane serait « un message ». Cette info je l’ai eu le premier jour où  j’ai recommencé d’écrire.

 

Le but était de savoir quel serait ce message. Peut être nous ramènerait elle un message de là haut ? Ce fut ma première réaction de penser cela. En fait s’il y a message c’est une multitude de messages. Josiane voulait savoir quel était son karma sur terre ! Je crois que c’est justement ce clash le but de son karma. Toute sa vie elle n’a jamais refusé d’accepter ma vie tumultueuse. Alors ma façon à moi de lui dire MERCI sera de faire ce karma à sa place. C’est pourquoi j’ai décidé de faire ce texte.

 

         Le médecin nous avait dit qu’il y avait des caps à passer. Le plus dur serait les premières 48 heures. Puis pendant 10 jours ce serait des hauts et des bas. Tout pouvait basculer en une heure de temps. Le but c’était d’atteindre le cap des 21 jours, mais même après ces 21 jours rien ne serait définitif, ou acquis. En plus de la réparation de l’anévrisme les médecins avaient posé un drain au niveau de la boite crânienne. Le but était d’évacuer le sang et de maintenir une bonne pression dans la boite crânienne pour éviter que le cerveau soit comprimé. Elle avait aussi un drainage au niveau de son poumon. Les 2 premiers jours se sont passés relativement bien. C’est ensuite que tout a commencé à basculer. Josiane avait beaucoup de fièvre. Elle pouvait passer de 38° à 40°. Il y a eu sûrement pire car ils la mettaient dans la glace. D’où provenait cette fièvre. Je sais que la nuit ils ouvraient les fenêtres pour rafraîchir Josiane. A un moment ce qui m’a mis en colère, c’est que je me suis rendu compte que les informations qu’on me donnait étaient contradictoires. Le fait de téléphoner plusieurs fois par jour j’avais toujours la même histoire qui contredisait celle d’avant. On me disait : tout va bien la fièvre est descendue. Elle avait 40° de fièvre et maintenant elle n’a plus que 38°. Cela voulait dire tout simplement que la personne précédente m’avait menti. Le problème c’est que j’avais cette info à chaque changement de service. Donc toutes les infirmières me mentaient. Nous étions arrivés dans la période des 10 jours.

 

         Un jour excédé je demande des explications à l’infirmière qui était de service. Je ne sais pas pourquoi mais elle a tout pris de travers. Je savais et j’avais compris que le personnel soignant n’avait aucun droit de communiquer avec nous et surtout pas de nous donner des infos sur la réalité du malade. Elles avaient un droit de réserve obligé. Je pouvais le comprendre, mais de là à me bondir dessus comme elle l’a fait ce jour là, je ne suis pas d’accord. Je l’ai vue partir. Elle a été, chercher ce fameux médecin avec qui on avait eu un accrochage le premier jour. Tout ce qui va suivre s’est passé dans la chambre de Josiane et je crois que tout l’hôpital a entendu cette conversation. Evidemment ce médecin n’avait toujours pas digéré la première discussion. D’entrée il m’a précisé qu’il en avait marre de se faire agresser. Alors j’ai décidé de lui mettre les points sur les ‘I’. Je lui ai rappelé que Josiane avait été hospitalisée pour ce problème dans ce même hôpital  et qu’aujourd’hui elle était en train de crever parce que ses collègues avaient été des incapables. Je lui ai dit que j’étais en droit de porter plainte. Aussitôt la petite infirmière m’a dit : ce jour là vous n’oublierez pas de porter plainte aussi contre votre médecin traitant. Je lui ai répondu : mon médecin, c’est un médecin de campagne, eux ce sont des spécialistes. Mon médecin traitant dit toujours qu’il soigne les humbles et les gueux. Il ne savait pas ce qu’avait ma femme alors il l’a envoyée vers des spécialistes. Lui il ne se croit pas le surhomme par son savoir. Je savais que la conversation dégénérait de plus en plus. J’ai répété au moins dix fois : je vous en supplie n’allez pas aux extrêmes revenons au milieu, et essayons de trouver le juste milieu à ces problèmes. C’était peine perdue ! Le toubib était le toubib ! Le dieu tout puissant de son savoir ! Il a eu le malheur de me dire : la médecine n’est pas une science exacte. Vous n’avez jamais fait d’erreurs vous ? Aussitôt je me dis: pourquoi il me parle d’une erreur ? Ils ont  encore fait une connerie ? Là dessus je lui réponds : moi Monsieur quand je fais des conneries je les assume et je les paie. Vous vous croyez supérieurs avec votre savoir ? Je sais que vous êtes un excellent technicien mais là vous parlez à un technicien dans l’âme. Toutes les machines que vous voyez autour de ma femme ce sont des cons comme moi qui les inventent, et les réparent. Sans ces machines vous ne seriez rien. Pour dévier la conversation il m’a dit : si vous avez besoin d’un soutien psychologique il y a ce qu’il faut dans la maison. Je lui ai répondu : monsieur ce n’est pas d’un psy que j’ai besoin ! C’est de parler avec vous. J’ai tout affronté dans cette galère. Je suis capable de tout entendre. J’ai rajouté en désignant Josiane du doigt : Sur terre personne ne peut dire qu’il me verra à genoux devant lui. Même devant la mort je ne me mettrais jamais à genoux ! Je l’ai regardé bien en face et je lui ai dit : le jour où il faudra débrancher la machine ce sera le con qui est devant vous qui prendra la décision. Où serez-vous ce jour là ? Alors n’espérez  jamais que je me mette à genoux devant vous !

 

         Pendant la conversation j’avais précisé qu’en fait je savais beaucoup de choses sur l’état de Josiane. Je lui ai dit aussi que je pouvais tout savoir. J’ai omis volontairement de lui dire que je pratiquais l’écriture automatique depuis 8 ans. Que c’était Blaise, mon ange gardien, qui me disait tout (ça a toujours été Blaise ?? c’est qui exactement ? Et pourquoi lui ? Est-ce que l’on a tous un ange gardien ? On dit qu’il n’est pas bien de communiquer avec les esprits…). J’y reviendrais plus tard.

 

         Josiane avait passé un scanner de contrôle le jeudi précédent et nous étions le dimanche. Je n’ai jamais pu savoir le résultat de ce scanner. Et pourtant nous étions, le dimanche suivant. Ce toubib a quitté la chambre de Josiane et m’a dit : je ne vous dirais jamais rien ! Ce n’est que le lendemain après avoir pris rendez vous avec le médecin qui l’avait ranimée qu’on a su que le scanner était au delà de leurs espérances. Pour quelle raison refusaient-ils de me donner des bonnes nouvelles de ce genre ?

 

         Les élévations de températures ont duré 12 jours. Ils ont essayé d’enlever le drain qui était dans sa tête car ce drain pouvait provoquer ce dérèglement de l’horloge biologique. Ils ont été obligés de le remettre. Tous les jours on nous disait qu’on faisait des prélèvements pour connaître la cause de cette fièvre qui ne donnaient rien. Et là m’est venue une autre idée qui m’a donné l’envie de hurler. Le jour même j’avais croisé dans l’ascenseur un responsable d’une entreprise dans laquelle j’avais travaillé. En fait il s’agit d’une entreprise qui fabrique des pièces pour les fusées mais aussi les missiles et les avions de guerre. Quand j’ai travaillé dans cette entreprise, on prenait mille fois plus de précautions d’hygiène que dans ce service, où la priorité est de sauver des vies. Résultat on dépense mille fois plus d’argent pour détruire des vies que pour en sauver……..J’ajouterais que tout le monde est contraint de prendre des précautions d’hygiène sauf les toubibs qui vont et viennent sans s’en soucier !

 

         Les jours s’écoulent un par un. L’angoisse est permanente. La mort rôde sans cesse. On la sent ! Quand je dis on la sent c’est vrai ! J’ai appris à sentir l’odeur de la mort quand ma tante Mathilde est décédée. Elle n’a été enterrée que 5 jours après. Chaque fois que j’ai senti la mort arriver c’est cette odeur que je sentais. Les 4 premiers jours Josiane avait cette odeur sur elle. Ce n’était pas une sensation. C’était l’odeur de la mort. Ce que je reprochais le plus à ce médecin c’était le manque de rapports humains. Ce problème va empirer de jours en jours. L’attente est la seule chose que nous avons à faire. Attendre et attendre encore. Attendre quoi ? C’est la question essentielle. Nous devons attendre que le malade soit présentable. Nous devons attendre que les soins soient faits. Pour cela il y a une salle d’attente. De toute ma vie je n’ai jamais vu autant de gens pleurer que dans cette salle d’attente. Personne ne parle. Comme si les gens étaient les seuls qui soient frappés par le malheur. Avec le temps qui s’écoule parfois des familles lient des liens éphémères car en fait nous vivons la même galère. En écrivant ça je pense à la famille de Jean Yves qui n’a pas survécu à sa chute. Petit à petit nous en étions arrivés à nous faire la bise. Le seul signe de vie qu’il y avait dans cette salle d’attente c’était quand ma petite fille venait avec nous. La mère de Jean Yves lui disait : heureusement que tu es là toi. Tu nous obliges à ne plus penser qu’à toi.

 

         Si vous saviez le nombre de fois où j’ai vu des gens accablés par la douleur d’avoir appris le décès d’un proche, se retrouvant seuls, dans cette salle d’attente. Si vous saviez le nombre de fois où j’ai vu des toubibs expliquer que tout était foutu dans cette salle d’attente ou dans des couloirs sans prendre de précautions pour les autres familles. Ma seule idée c’était «  l’espérance ». Chaque fois que je le pouvais je disais aux autres : il faut faire tourner la roue et toujours espérer. Mais quand vous voyez les clashs se succéder sans arrêt il faut être de fer et de feu pour résister à ça ! J’avais cette énergie ! Heureusement ! Et chaque fois que j’ai pu en donner aux autres je l’ai fait.

 

         Puisque nous parlons de cette énergie je vais vous dire où j’ai été la chercher pour arracher Josiane à la mort. En fait j’ai fait une alliance avec Dieu et les « autres » là-haut. J’ai proposé de donner ma vie en échange de celle de Josiane. Moi je n’ai plus rien à faire sur terre. C’est ma conviction. (Non, tu dois m’aider !!!…je ne sais pas et je n’ai pas envie de m’adresser à quelqu’un d’autre) Hors mis de terminer ce livre, mon karma est terminé. Josiane sa raison de vivre c’est ses filles et ses petits enfants. Quelle est la plus belle chose au monde si ce n’est d’être une mère. S’il y a une justice divine, on lui devait bien de vivre en paix avec ses filles et ses petits enfants. Je lui devais bien ça aussi avec la vie qu’on avait vécu. Le principe des écritures automatiques me facilitait cette alliance. Je dois dire de suite, qu’elle m’a été refusée, y compris de partager le temps qui me restait à vivre sur terre avec elle. En même temps je me suis rappelé le premier texte que j’avais lu dans la bible le jour où j’ai acheté ma première bible. Il se trouvait dans le chapitre JOEL. Ce jour là j’avais perdu 3 copains dans un accident de voiture. Le hasard avait voulu que Joël, c’était le nom d’un autre copain qui s’était tué aussi en voiture. Ce texte m’a marqué toute ma vie. Il disait ceci : il y aura un temps et un demi-temps. J’ai donc pris les 45 jours qui séparent les 1290 jours et les 1335 jours de ce texte. Un temps= 30 jours et un demi-temps=15 jours.

 

         Alors messieurs les toubibs ceci vous ne pourrez jamais le nier. Josiane a eu son clash le 3 juin. Officiellement elle a été hospitalisée le 4 Juin. Donc on pourra tricher d’une demi-journée. Vous m’aviez dit il faut compter 2 jours puis 10 jours puis 21 jours. Moi j’ai compté de la façon suivante : au lieu de deux jours, j’ai décidé d’en compter 3 par sécurité (la trinité). Ensuite au lieu d’aller au 10e jour j’ai additionné les 10 jours (Jésus) et les 3 premiers jours : ça correspond à fin de la fièvre. Le W (l’Oméga) c’est la 23e lettre. Elle symbolise l’oméga qui veut dire la fin. Le 23e jour vous avez arrêté toutes les seringues et les sédatifs. En fait j’ai utilisé trois nombres : le 3, le 13, le 23. A cela j’ajouterais que Blaise m’avait donné subtilement un autre nombre qui était le 30 pour une raison très spéciale : par exemple le 30 avril qui revient souvent dans ma vie. Le 30 Juin Josiane a ouvert les yeux pour la première fois. En comptant juste, Josiane est restée 26 jours dans le coma. Rappelez vous cette théorie concernant la lettre « M ». Un système de numérologie à l’inverse, basé sur l’alphabet. Cette lettre est celle du milieu : la 13e lettre. Si je prends le nombre 23 qui est un temps et que j’y ajoute la moitié de ce temps j’arrive à 35 jours. Josiane a changé de chambre le 9 juillet. J’avais aussi appris qu’avec un mouchoir et deux nœuds on pouvait faire un vœu en brûlant un cierge en trois fois. Le but c’est d’enlever les nœuds avant les 40 jours. Quand le vœu est exaucé. C’est sûrement de la magie blanche, en tout cas ça y ressemble beaucoup, mais le 39e jour Josiane a été extubée. En tout cas vous ne pourrez jamais nier que le 40e jour c’est la Saint JOEL (mon ami qui s’est tué en voiture et texte de la Bible). Ni, que si j’ajoute un demi-temps au nombre 30 ça ferait 45 jours. Ce jour là c’était l’anniversaire de Josiane, le 17 juillet!

 

         Ce qui est sûr c’est que le 13 juillet, le jour de la St Joël, Josiane rigolait et se faisait du souci pour moi. Bientôt vous allez employer le mot « miracle ». J’en suis sûr !

 

         Blaise m’avait appris la numérologie. Avec les numéros de toutes les chambres que Josiane a eues, on pouvait tout prédire. Un exemple : sa première chambre, quand elle était dans le coma,  avait le N°1 (Alpha ou début). On peut dire que toute l’unité était avec elle. Sa dernière chambre sera la : E65. 6+5=11=2, ou le symbole de la force. Je peux dire que là nous ne serons que tous les deux.

 

         Messieurs les toubibs il va falloir vous remettre en question sur un point essentiel : la personne humaine n’est pas seulement un paquet de chair et d’os. Les psys disent que l’être humain a une âme. Pour moi l’âme c’est la petite flamme de la vie. Mieux que quiconque dans ce service vous êtes au cœur du problème pour faire la différence entre l’âme et l’esprit. Le cerveau est  détruit et la petite flamme est toujours là. L’âme est liée à vos machines c’est vrai, mais où est l’esprit de cette personne qui est déjà morte cliniquement ?

 

A deux reprises le même toubib m’a demandé si Josiane me semblait consciente. Pour lui un sourire n’est pas une preuve de conscience. Puisque cet homme est le grand chef de la question peut il me dire où se trouve réellement la conscience ? Est ce un critère chez lui ? Plus tard dans un rapport les toubibs diront que Josiane souriait de trop. Elle ne pouvait pas parler alors elle communiquait par le sourire et le regard. Le fait de me poser cette question prouve que vous messieurs les toubibs votre réussite ne tient qu’à des protocoles et des critères. Ce qui est grave c’est que vous oubliez l’essentiel qui est que nous les êtres humains nous avons aussi nos sensibilités et notre personnalité. Nous avons une âme oui, mais nous avons aussi autre chose. J’y reviendrais aussi plus tard.

        

Le jour où je me suis engueulé avec le toubib dans la chambre de Josiane j’ai fait remarquer à ce toubib que sur le scope on pouvait savoir les réactions de Josiane. Chaque fois que c’était lui qui parlait le nombre de battements du cœur augmentait de façon significative. Chaque fois que c’était moi, qui parlais, Josiane ralentissait son cœur. Le plus fort c’est que mon verbe était très puissant. Josiane malgré son coma savait distinguer le son de ma voix ou celle de ce toubib. Il m’a dit ceci : maintenant vous allez dire que nous l’agressons. J’ai répondu : oui bien sûr vous l’agressez avec toutes vos médications et les soins que vous lui faîtes. C’est tout de même élémentaire ce genre de réaction. Puisque les toubibs sont très terre à terre ce phénomène est prouvable : les scopes ont des mémoires internes. Il suffirait de pousser le bouchon un peu plus loin. J’ai un autre problème que je n’accepterais jamais. Je refusais qu’on gueule sur ma femme pour la réveiller de son coma. Je dis gueuler, car depuis l’extérieur du service je les entendais crier : Mme Martin réveillez vous. Un jour j’ai dit à une infirmière que d’appeler ma femme par son nom d’épouse, pour elle, c’était une agression. Tous ceux qui la connaissent l’appellent : Josy ou Mamé. Si on va vers elle en l’appelant par son nom d’épouse c’est forcément que c’est un étranger. Et comme les autres lui ont jamais fait de cadeaux : elle n’aime pas ça ! J’ai discuté de ça avec Stéphane qui m’a dit qu’il ne comprenait pas que dans un service de genre, le prénom ne soit pas utilisé à la place du nom. Il m’a expliqué que les pompiers qui se rendent sur un accident de la route, leur première préoccupation c’est de savoir le prénom de la personne pour la rassurer quand on essaie de la ranimer. Les pompiers seraient ils moins bornés, que les toubibs ? Ou est ce seulement une question d’humanisme ?

 

Autre chose et ça je tenais à le dire. Un jour je me suis rendu compte que tout le haut du bras de Josiane était violet, sur toute sa longueur. J’ai demandé à l’infirmière d’où venait ce problème. Je lui ai expliqué qu’au moment de la réanimation je l’avais prise par le bras pour la retourner. Alors je me posais la question de savoir si c’était moi qui lui avait fait ça. Non me dit-elle, je vais vous montrer. Pour réveiller les comateux on les pince violemment. C’est une stimulation. Quand j’ai entendu ça j’étais horrifié. Comment voulez vous que des gens dans le coma veuillent revenir dans un monde où on leur fait du mal volontairement. Déjà il y a toutes les médications et les soins, qui ne sont pas agréables, mais si en plus on leur gueule dessus et qu’on leur fait du mal……. Le pire c’est que Blaise n’arrêtait pas de me dire d’être « sensuel » avec Josiane. Plus tard à cette même infirmière je lui ai fait la démonstration qu’avec Josiane il suffisait d’une caresse sur le bras et de lui dire : Josy c’est moi, pour qu’elle ouvre les yeux. Josiane a la particularité que quand on lui crie dessus ou qu’il y a trop de monde, elle se ferme comme une huître. Pendant des mois les toubibs vont dire que Josiane était  « aphasique » à cause de ça.   

        

J’ai toujours dit qu’entre Josiane et moi il y avait plus qu’un bout de papier ou du sexe qui nous unissait. Nos deux esprits ne font qu’un. Quand elle souffre je souffre. Quand elle angoisse, j’angoisse. Tout le temps où elle a été dans le coma, j’ai tout fait pour ne jamais briser cette chaîne qui nous uni. Il faut se rappeler qu’étant jeune j’avais étudié l’hypnose. J’ai toujours été convaincu que le coma est une mise en sécurité de l’esprit. Pour éviter de subir des souffrances insupportables, l’esprit se met en replis du corps. La question essentielle c’est : où est l’esprit pendant toute la durée du coma ? Certains disent qu’il  retourne là haut (la lune) en attendant que le corps guérisse. C’est possible mais je ne suis pas certain que ce soit le cas à chaque fois. J’ai aussi la certitude que dans certains cas l’esprit est au dessus du corps. On peut imaginer que c’est comme un double qui est superposé avec le corps. Bien sur ce n’est pas prouvable. Avec Josiane je suis parti de ce principe qu’elle était au dessus de son corps, mais je me trompais. Je lui ai raconté tout en détails. Je n’ai rien minimisé. A partir du 23e  jour je lui ai même dit : c’est l’oméga, il serait temps de sortir du tunnel et de revenir vers nous. Chaque fois je faisais tout pour lui transmettre mon énergie. Je suis convaincu que l’être qui est dans le coma ressent notre état d’âme. Plus nous sommes battants, plus ils ont de chances de s’en sortir. En revanche si celui qui est dans le coma nous voit pleurer sans cesse le négatif s’installe. Blaise m’a dit ceci : le corps a ses limites. L’esprit a ses limites aussi. Ceux qui partent en avaient le choix. C’est eux qui décident en fonction de la gravité de leur blessure, mais aussi du karma à assumer suite à ce clash. Voir pleurer sa femme ou sa mère c’est comprendre qu’ils vont les faire souffrir peut être pour toujours. Tout le temps où Josiane a été dans le couloir de réanimation intensive j’ai toujours ressenti la froideur de la mort. Je suis sur et certain que l’ange de la mort y rôde en permanence. Du jour où Josiane a changé de secteur, je suis devenu plus serein. Je n’avais plus cette sensation. Un petit exemple tout simple : Josiane regardait toujours au plafond. Son regard était fixé sur un détecteur de fumée depuis 2 jours. Le premier jour où elle a parlé elle a dit en regardant le plafond : il est parti ! Je lui ai demandé : qui est parti ? Elle a répondu : rien en haussant les épaules ! Je sais on me répondra qu’elle sort du coma et qu’elle a des hallucinations dues aux drogues qu’on lui a administrées. Il y a une autre chose où on n’aura jamais la réponse. Elle nous a souvent demandé : où est le blond ? Il n’y avait aucun blond dans le service, ni dans notre entourage. Alors qui était ce blond ? Le dernier jour quand nous attendions l’ambulance, Josiane s’est retournée brutalement vers sa gauche. Comme si elle avait vu quelque chose ou quelqu’un. Je lui ai demandé ce qu’elle avait vu et elle a refusé d’y répondre. Elle souriait ! Ce jour là je me suis demandé si son protecteur n’était pas venu lui dire « au revoir ». J’en suis convaincu !

 

         Tout au long de ces jours interminables que je comptais un à un je restais en liaison avec Blaise. J’étais seul et je voulais être seul. Tous les jours il me donnait des nouvelles de Josiane. Un jour il m’a dit : je ne peux pas approcher Josiane sinon elle serait liée à ma lumière et elle reviendrait là-haut. La veille où on a enlevé le drain à Josiane il m’a dit : Marie a envoyé une fée à Josiane. Il me disait ça au moment où j’étais le plus inquiet pour Josiane. D’ailleurs ils ont été obligés de remettre le drain car Josiane réagissait mal à ce sevrage. Ensuite tout a basculé et tout a commencé à redevenir normal. Un autre jour il m’a dit : demain nous serons toi et moi et elle, en triangle. Nous ne ferons qu’une unité. Ce jour là elle a ouvert les yeux ! 

 

         Depuis le début des écritures automatiques Blaise m’avait dit : le but c’est de faire un livre. Tu feras ce livre. J’avais toujours dit : je ferais ce livre le jour où Dieu me fera un signe qui sera un vrai signe. Blaise m’avait dit : le jour où Dieu te fera un signe tu ne pourras jamais nier ce signe. Il sera pour toi et rien que pour toi. Avec ce qui est arrivé à Josiane je ne pourrais jamais nier que Dieu m'a fait ce signe. Non seulement j’affirme que Josiane a été protégée du début à la fin, mais j’affirme aussi que Dieu m’a donné l’énergie ou la lumière nécessaire pour sauver Josiane. Blaise m’avait expliqué qu’il suffisait de prendre la main de Josiane dans ma main et de poser mon autre main sur sa tête. Précisément où son cerveau était blessé. Depuis toujours avec Josiane il me suffit de poser ma main sur elle et de lui dire : c’est moi, pour qu’elle ouvre les yeux ou qu’elle se calme. Est ce que je pouvais transmettre cette énergie de cette façon ? Après tout je n’avais rien à  perdre alors je l’ai fait. Tout était bon pour faire tourner cette roue du début à la fin quoi qu’il arrive. Les toubibs faisaient tourner la roue à leur façon, les soignants faisaient tourner la roue aussi à leur façon, et moi en silence sans rien dire, à personne, je la faisais aussi tourner à ma façon. Cette roue et ma devise qui consistait à voir loin devant, c’était ça ma force. Je n’ai jamais eu la haine contre qui que ce soit. J’avais la rage de vaincre la mort c’est tout. Personne n’aurait pu me stopper ! Et pourtant j’étais réaliste : je m’attendais aux pires séquelles. Je savais que ma vie risquait d’être un enfer par la suite.

 

         J’ai toujours dit qu’aucune femme ne pourrait faire mon métier. Si un jour une femme me prouvait le contraire je serais le premier à la féliciter. J’ai également toujours dit que je serais incapable d’être infirmier ou aide soignant. C’est pour cela que j’ai toujours dit et je le maintiens: ces hommes et ces femmes sont des saints pour moi. Affronter à longueur de journées la misère humaine, les pleurs, les cris, les doléances des patients mais aussi des parents, et recevoir les ordres et les sautes d’humeurs des toubibs ; ça  jamais je ne  pourrais le faire, ni l’accepter! Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs je vous salue bien bas et je vous dis royalement MERCI. Vous avez été le seul contact humain que j’ai eu pendant toute cette galère. Et Dieu sait qu’elle importance j’attache à ce mot MERCI. Josiane disait souvent qu’elle avait un petit esprit quand elle n’arrivait pas à comprendre quelque chose. Je lui disais que l’intelligence ne faisait pas la grandeur de l’esprit. Bien au contraire car la plupart des grands cerveaux sont des gens bornés et sectaires. Parmi ces toubibs il y a une petite Dame par sa taille, mais grande par son manque d’humanisme. Il s’git de la chef de service. C’est elle qui oblige les autres à avoir ce comportement avec nous. Ma femme, à votre taille, Madame, elle n’a pas votre savoir, mais sa grandeur d’âme vaut dix femmes comme vous. Josiane ne s’est jamais prise pour une reine entourée par sa cour. Avec votre savoir vous croyez avoir tous les pouvoirs y compris celui de la vie et de la mort.

 

         Un jour par hasard j’ai découvert qu’il y avait une association d’accompagnement en fin de vie. En fait c’est une infirmière qui m’a dit que ce serait souhaitable que j’aille parler avec eux. Ceci dans le sens où elle reconnaissait qu’il y avait des lacunes concernant l’accompagnement des familles dans ce genre d’épreuve. Je me suis dit : c’est peut être une chose à faire pour moi. De la mort je crois que j’ai tout vu y compris de voir ce qu’il y a dans un cercueil au bout de 10 ou 20 ans. J’ai même vu un homme qui mourrait de faim. Même si Josiane s’en est sortie, dans cette galère j’ai tout vécu. Quand Jean Yves est décédé je me suis retrouvé avec sa femme dans mes bras. Elle m’a dit : c’est fini ! La seule chose que j’ai su faire c’est de l’embrasser sur le front. C’était pire que tout pour moi. J’avais tout fait pour les aider à garder confiance. Nous avions le même combat : vaincre la mort. Pourtant le jeudi j’avais écrit que Jean Yves était parti là haut ! Sa sœur est venue me voir et m’a expliqué qu’ils attendaient la confirmation d’un deuxième électro encéphalogramme plat. Elle m’a dit : toi tu sais ! Dis-nous si on doit débrancher ? C’est à moi qu’elle demandait çà ? Quelle horreur ! La seule chose que je lui ai dit en lui prenant les deux mains c’est : je t’en supplie ne me demande jamais ça ! J’ai rajouté : si tu veux plus tard appelle-moi. Si je peux vous aider je le ferais. Bien évidemment je pensais au système des écritures automatiques et si j’ai précisé : si je peux, c’est qu’en fait je n’ai pas ce permissible de me relier avec les défunts. Cette porte m’est fermée. Pour comprendre il suffit d’imaginer une porte qu’on ouvre et qui débouche sur un couloir. De chaque coté du couloir il y a des portes et je n’ai le droit d’ouvrir que la porte du fond, pas les autres. Ce qu’il faut savoir c’est que c’est moi qui ai toujours refusé d’avoir le droit d’ouvrir les autres portes, de la voyance ou du contact avec le bas astral. Je dois préciser que le jour où c’est arrivé c’était le jour où Josiane a ouvert les yeux pour la première fois. J’étais heureux mais ma joie était gâchée par cette mauvaise nouvelle. J’avais la même rage en moi que celle que j’avais eu quand on m’a dit pour Josiane : il ne reste qu’à prier Dieu pour sauver votre femme. Je dois même dire que j’avais honte. Josiane revenait vers nous et lui, nous avait quittés. Josiane a 55ans et lui n’avait que 32ans. C’est presque une injustice. Pourquoi elle et pas lui.

 

         Je disais que j’ai tout vécu, mais c’est faux ! Dans ce genre de service c’est l’endroit idéal pour proposer d’être donneur d’organes. Je n’ai pas eu à affronter ce problème. Je n’imagine même pas quelle aurait été ma réaction. Subir tout ce stress et cette peur de la mort et ensuite savoir que l’être cher va partir en pièces détachées………Je ne peux même pas l’imaginer. Personnellement je suis contre le don d’organes et je suis prêt à en assumer les risques. Je dis que je suis contre, mais c’est faux. Je sais aussi, qu’on ne réagit pas de la même façon quand il s’agit d’une mort brutale. Dans ce problème on ne voit que la réussite du malade qui renaît, mais on oublie très vite celui qui a donné, ainsi que les problèmes moraux, éthiques, ou religieux que doivent affronter les familles au moment de la mort.

 

         Beaucoup plus tard, un jour en discutant sur internet avec un copain des problèmes de l’euthanasie nous avons abordé ce problème du moment où on décide de débrancher. Voici ce qu’il m’a dit : est ce que quand ta voiture est morte tu la mets à la casse avec le chauffeur ? Dans son idée le corps est mort mais l’esprit est emprisonné dans ce corps mort. La personne s’est battue pour vivre et a refusé de partir. Que va devenir cet esprit ? Une âme errante ? Cette question n’est sûrement pas le souci des toubibs. Il y a une autre question fondamentale. Je me suis toujours demandé si après un coma c'était le même esprit qui revenait dans le corps.  Avec Josiane ma plus grande peur c’était ça. Retrouver une femme qui n’était pas la mienne. Imaginons que pendant le coma l’esprit est parti se mettre en sécurité ailleurs ou dans une autre réalité. On déplace son corps dans un autre service ou à la morgue. Que devient cet esprit ? Il n’a plus de liens, il a perdu son corps! Continuons dans cette réflexion et demandons nous : que deviendra le corps qui vit encore et qui a perdu son esprit ? Il sera récupéré par une âme errante ? Il est dit dans un texte de la Bible : tu reviendras là haut avec ton corps et le livre de tes vies pour être jugé. A méditer……..

 

J’ai un détail aussi où je n’ai jamais eu la certitude que le message passait. Je ne peux pas calculer le nombre de fois où j’ai demandé qu’on laisse la lumière allumée dans la chambre de Josiane. Je parle de la nuit bien sûr. Josiane a eu ce clash parce qu’elle est claustrophobe et j’ai toujours eu peur qu’elle se réveille seule la nuit dans le noir. Ma hantise c’était qu’elle replonge dans le coma. Je sais je vous ai cassé les pieds avec ça Messieurs les toubibs, mais je n’étais jamais rassuré de la savoir seule dans la nuit, loin de nous. Je suis désolé de vous dire que je ne vous ferais jamais une confiance aveugle. L’erreur est humaine ! C’est vous, les toubibs, qui me l’avez dit ! Un jour un médecin réanimateur m’a dit textuellement : j’interdis qu’on laisse la lumière. Je veux que les malades reprennent le rythme de la journée et de la nuit. Pour moi ce toubib est un criminel car il ne prend même pas en compte qu’on peut mourir de peur. C’était le cas de Josiane lors de son examen d’IRM. Essayez de vous imaginer que vous vous retrouvez dans un lieu inconnu, branché à des tas de tuyaux, impossible de bouger, prisonnier d’un corps inerte, et dans le noir. Quelle frayeur ! ! ! J’aimerais voir ce toubib dans cette situation et j’aimerais être face à lui ce jour là, avec le doigt sur le bouton électrique.

 

         Je reviens à cette association de fin de vie qui a pour but d’accompagner les mourants dans une fin décente. J’ai rencontré une personne et en discutant je me suis rendu compte que l’approche du problème était très différent de la réalité que nous vivions dans cette salle d’attente. La première chose que je lui ai dite, c’est que je ne comprenais pas qu’il n’y ait rien de fait pour informer que cette association existe au sein de l’hôpital. Je lui ai expliqué toute la détresse qui règne dans cette salle d’attente mais aussi qu’on se retrouve toujours seul. En fait la différence est fondamentale : eux accompagnent dans une mort programmée et arrangée. Dans ce service de l’hôpital c’est le clash total ! Tout peut basculer d’une heure à l’autre ! La première baffe c’est d’apprendre la gravité du clash ou de l’accident pour un être cher. La deuxième baffe c’est l’attente, cette attente qui n’en fini pas et si elle se termine c’est le coup de massue sur la tête. Il ne faudrait pas grand chose pour résoudre ce problème. Il suffirait juste de nous parler ou de nous écouter. Surtout pas devant tout le monde comme je l’ai vu trop souvent. Essayez d’imaginer ce que ressentent ceux qui espèrent et se battent pour gagner quand ils entendent que le voisin de chambre est parti d’un coup et  brutalement ! Tout le monde en prend un coup ! Le seul médecin qui a su me parler et m’emmener dans son bureau pour me parler c’est ce Libanais du service des urgences. Le pire c’est qu’ensuite les parents se retrouvent seuls pour digérer la mort ! Les toubibs ont fait leur travail. Point final !

 

A cette association je leur ai dit : il y a autre chose à faire et il y a urgence de s’occuper de ces gens qui sont dans cette salle d’attente. C’est presque tous les jours qu’on a besoin de vous là haut. Ce service de réanimation intensive et cette salle d’attente sont l’antichambre de la mort.  Tout est violence : ce qu’on vit, ce qu’on voit, ce qu’on attend !

 

                       

                              Pour moi cette image symbolise tout du coma…

 

Je m’étais promis de finir ce texte pour l’anniversaire de Josiane. Le jour où je l’ai terminé Blaise m’a dit : prends ton temps tu verras tu n’es pas au bout de tes surprises. Tu as su calculer des temps et des demi-temps, alors continue. Il m’a précisé aussi de ne pas oublier le chiffre 30 en précisant que sur la cocotte minute il y a un clapet.

 

Le jour de son anniversaire j’ai fait venir un coiffeur pour lui redonner un vrai visage. Je ne voulais plus la voir avec cette tête là. Elle me rappelait trop sa mère en fin de vie. Le samedi suivant on l’a changé de service et on nous a dit qu’ils attendaient une place dans un centre de rééducation. Nous sommes tombés dans le piège de l’euphorie. Avec Laetitia nous avons passé une matinée entière dans le but de trouver un centre sur Paris. Le but c’était de rapprocher Josiane de ses filles. En faisant cela je me disais que la récupération serait plus rapide. C’est à ce moment précis que tout a explosé !

 

Le lendemain quand je suis arrivé dans la chambre, avec ma fille, j’ai tout de suite compris que Josiane avait replongé dans le coma. Aussitôt j’ai pensé à la lumière la nuit. Je me suis renseigné et on m’a confirmé que la lumière avait été éteinte comme à tous les malades. Josiane n’était plus dans un service avec des baies vitrées partout. En réanimation il y a toujours la lumière du couloir car les portes restent ouvertes en cas d’urgence. Là ce n’était plus le cas, c’était une minuscule chambre. Pendant 4 jours j’ai révolutionné l’hôpital. On refusait de m’écouter quand je disais qu’elle avait replongé dans le coma. De la direction aux toubibs j’ai tout essayé y compris les emails et les fax. Pour la première fois j’avais très peur pour elle. Rien à faire, on refusait de m’écouter. La grande dame m’a dit qu’elle n’avait pas le temps ! Ma fille disait que j’étais dingue. C’est vrai : je devenais dingue. On s’est disputé à cause de ça. Elle est même rentrée à Paris. Le 4e jour, dans la soirée, quand j’arrive dans la chambre il y a le chirurgien qui est appuyé contre la vitre et qui me dit de suite : calmez-vous ! J’attends le médecin réanimateur. Josiane était à l’agonie. Elle respirait par saccades. C’étaient des râles très secs. D’un air mauvais je regarde le médecin et je lui dis : ce coup ci vous ne pourrez pas me bluffer. J’ai été en Arabie Saoudite et la déshydratation je connais. Ma femme est complètement déshydratée car elle est dans le coma depuis 4 jours. Il n’arrêtait pas de me dire : calmez-vous, calmez-vous. Le réanimateur arrive. Le médecin lui dit : tu m’expliques ce qui se passe là ? La réponse fut simple : bon ça va je la ramène en réanimation. Du coup Josiane est repartie en réanimation. Elle y restera 6 semaines de plus. Ils ont toujours nié qu’elle était déshydratée mais les seuls soins qu’elle a eu ce sont des perfusions. Laëtitia pour me rassurer me disait : Maman était morte, on a su rallumer la flamme de la vie. On a commencé par des brindilles puis du petit bois. Il y a eu un coup de vent et les flammes ont été soufflées. Ne t’inquiète pas, il reste les braises. Il suffira de les relancer. Ceci me rappelait aussi une théorie que je connais bien : l’esprit est capable de soigner son corps. Mais a force de lutter, le pire peut arriver aussi ! A son réveil j’étais dans la chambre. La chef de service arrive avec le toubib des premiers jours. Tout sourire il a eu le malheur de me dire : c’est un incident de parcours. J’ai répondu : ça c’est un incident qui va vous coûter très cher. Ce jour là Josiane me regardait de la tête aux pieds. Normal elle me découvrait de nouveau en tenue blanche. Je l’ai regardée et je lui ai dit : t’inquiètes pas, tu n’es pas encore au paradis. La chef de service a surenchéri en disant : de toute façon ce n’est pas un ange. Je l’ai regardé bien en face et je lui ai dit : y a des anges qui n’ont pas d’ailes, et de ceux là il faut s’en méfier plus que des autres.

 

Il faut dire que la guerre était déclarée et que j’avais bien précisé que mon intention était de porter plainte pour de multiples erreurs médicales et aussi pour négligences graves. Quand je dis que c’était la guerre c’est que c’est devenu réellement une guerre. Je crois qu’ils ont tout fait pour me démolir. Jusqu’à utiliser mes filles contre moi. Mes filles sont tombées dans ce piège jusqu’au jour où je leur ai prouvé qu’on les avait baratinées dans le but de protéger les médecins et  les intérêts de cet hôpital. Un jour je me suis rendu compte que des démarches étaient faites pour mettre Josiane sous tutelle judiciaire. Le but était clair : on voulait m’empêcher de porter plainte. Les toubibs et surtout les services administratifs disaient que c’étaient mes filles qui avaient demandé ça. Mes filles ont toujours nié. Il a fallu que j’envoie un fax et que je dise que je portais plainte pour atteinte à la vie privée pour que tout s’arrête. Le lendemain l’assistante sociale me téléphonait pour me dire que c’était une erreur, que rien n’était fait et qu’il n’y avait aucune raison que ça se fasse. N’empêche que j’ai vu de mes yeux cette assistante sociale remplir ces documents. Subtilement elle me montrait comment les remplir et elle le faisait ! Moi je n’avais besoin que d’une signature, pour un contrat d’assurance, et une couverture sociale pour Josiane. J’ai écrit à mes filles en leur expliquant bien la situation. En faisant cette démarche les toubibs allaient tuer Josiane car elle serait placée dans un centre et finirait dans un asile psychiatrique. C’est l’endroit idéal pour se débarrasser des encombrants pour la société. Avec ce qui venait d’arriver à Josiane le but c’était de se battre pour elle et rien que pour elle. Pour cela il fallait oublier le passé. Je n’y suis jamais arrivé et les toubibs ont utilisé cette carte pour eux. Au lieu de nous aider, ils nous ont désunis. La seule qui a compris certaines choses c’est Laëtitia. Nathalie est restée dans son coin à cause de sa volonté de débrancher sa mère. Elle restera toujours sur ses positions et comme personne n’ose reconnaître ses erreurs…..

 

A partir de ce moment là je suis devenu «  le loup blanc ». C’était le surnom que m’avaient donné les toubibs. Ce sont les autres familles de patients qui me l’on dit. On leur interdisait de me parler. Mais il y a toujours des gens qui bravent les interdictions. Le hasard a voulu que nous soyons 3 parisiens à nous rapprocher. Le premier sa femme avait eu la même chose que ma femme et le deuxième c’était son fils qui avait eu aussi une rupture d’anévrisme. Ces gens avaient vu que 4 jours plus tard j’étais revenu dans la salle d’attente. On m’a demandé des explications. J’ai donc expliqué que Josiane était revenue complètement déshydratée par manque de soins. Le soir même on prévient le père, le deuxième parisien, en lui disant qu’ils ont besoin d’une chambre. Donc ils vont mettre leur fils dans l’autre service. Je ne vous dis pas sa réaction ! Ensuite les toubibs s’en sont pris à moi. Je leur ai dit : si vous ne faisiez pas de conneries ça ne se saurait pas. Ce n’est pas à moi qu’il faut vous en prendre, c’est à vous. Tiens entre nous ça me rappelle que quand son fils était en réa intensive je le voyais toujours à poil sur son lit. Ils auraient pu lui mettre un drap sur lui. C’était la moindre des choses pour la dignité de cet homme. Sa chambre était en face du couloir où on se changeait avant d’entrer dans le service. A chaque fois je disais : accroche toi, bats toi, t’es bâti comme un roc alors reviens. Il est revenu. Et pourtant il a eu les mêmes complications que Josiane.

 

Quelques jours plus tard, nous étions dans la salle d’attente et une infirmière vient chercher l’autre parisien. Elle lui dit : venez vite votre femme vient d’ouvrir les yeux. Quelques minutes après il est revenu en pleurs. Le petit Kévin qui était là avec moi m’a dit : pourquoi il pleure le monsieur. Je l’ai regardé et je lui ai dit : il n’y a que les animaux qui pleurent pas, et encore ! Viens, on laisse le monsieur tranquille. Et on a été faire un tour. Je n’ai jamais revu cet homme. Le soir quand il est rentré chez lui il a fait un infarctus au cerveau. Sa fille le lendemain m’a dit : on l’a retrouvé ce matin chez lui par terre. Il était trop sensible et il n’a pas supporté le stress. Une fois de plus j’avais la rage. Surtout contre ces toubibs, car ce stress c’est eux qui nous le font vivre. Cet homme est décédé 8 jours plus tard. Quand j’en ai parlé à la chef infirmière elle m’a dit : ça fait partie de la casse. C’était plus de la rage que j’avais, c’était de la haine. Comment on peut dire ça d’un homme qui est mort de ses souffrances : ça fait partie de la casse !!

 

Le hasard a voulu que le jour où j’ai appris la mort de cet homme 5 mn après en arrivant dans la chambre de Josiane, la chef de service,était là, avec toute sa petite cour. A peine arrivé elle m’agresse et me dit : je vous interdis de parler avec les familles. Occupez vous de votre femme, nous on s’occupe des familles. Je l’ai regardé bien dans les yeux et je lui ai répondu : si vous vous occupez des familles comme vous vous êtes occupé de la mienne ou de ce Parisien qui en est mort vous feriez mieux de vous taire. En plus je vous interdis de me parler devant ma femme et surtout de mal me parler devant elle. Je suis sorti de la chambre car ce jour là j’ai eu envie de lui foutre une baffe, à cette femme. J’ai été me calmer dehors.

 

Sur le parvis de l’hôpital, j’avais rencontré une gamine qui pleurait toutes les larmes de son corps. Je la connaissais bien. Son copain avait eu un accident de voiture et se trouvait dans le même service de réanimation. Deux ans plutôt elle avait déjà perdu son frère. Elle a tout fait pour sortir son copain de son mutisme. Personne n’était capable de lui expliquer les problèmes. La seule chose qui s’est produite c’est que la famille de son copain a décidé de l’empêcher de venir le voir. C’était peut être pour la protéger dans son futur, mais ils avaient oublié sa jeunesse et l’amour qu’elle avait pour son copain. Elle habitait à plus de 100km de l’hôpital. La nuit elle dormait dans sa voiture pour être là tous les jours, près de lui. Résultat on la rejetait pour simplifier les problèmes. Mme la chef de service c’est comme ça que vous vous occupez des familles ? J’ai parlé à cette gamine et j’ai décidé de revenir dans le service pour continuer cette conversation interrompue. J’avais trop la rage et la haine.

 

J’ai donc été directement au secrétariat. La chef de service n’y était pas et les autres vont tout faire pour que je ne puisse pas la voir. Pendant une heure trente ils vont se succéder pour me démolir. Ce jour là j’ai eu la totale, mais petit à petit j’ai compris, tout leur manège. Je me suis servi d’eux contre eux. C’est uniquement avec leurs arguments que je les ai contrés. A la fin la chef infirmière était à son bureau, la tête dans ses mains complètement à côté de ses pompes. Elle qui ne voyait que par les statistiques y compris pour définir la personnalité des gens, ce jour là ses chiffres ne servaient à rien. Je vous garantie que ce jour là j’étais complètement hors normes. Le fameux médecin réanimateur qui me dégoûtait, rien qu’à le voir avec sa gueule pleine de boutons, était là. Entre nous ça fait désordre pour un toubib d’avoir autant de boutons surtout dans un service comme ça. Il a eu le malheur de me dire : vous n’êtes pas électronicien que je sache ? C’était sa façon de se monter supérieur à moi car je disais toujours que j’étais technicien, et que je pouvais tout comprendre des techniques qu’ils employaient. Je le regarde et je lui dis : j’ai le niveau ingénieur en électronique et je suis ingénieur chargé d’affaire en génie climatique. Je ne vous dis pas, la tête qu’il à fait. A coté de moi il y avait une femme très grande, avec un air pincé. Elle n’avait pas tout compris alors elle me demande : ça consiste en quoi votre métier ? Je lui réponds : plombier ! J’étais mort de rire ! Mais là où j’avais le plus de plaisir à les démolir à mon tour c’est que ce toubib n’arrêtait pas de me dire : si j’étais médium je pourrais tout vous dire, mais je ne suis pas médium, je suis médecin. Il m’a répété ça au moins dix fois. A un moment je lui ai dit froidement : si tu savais mon con, tu ne dirais pas ça ! Et surtout pas à moi. Ensuite j’ai posé la question essentielle : j’ai demandé si ceux qui faisaient partie de la casse, comme ce parisien qui venait d’en mourir, étaient déduits de leurs statistiques de réussites. Là je n’ai pas eu de réponse par contre on m’a bien expliqué qu’ils refusaient qu’on espère, dans le but de nous maintenir dans le pire pour que le jour où le pire arrive, on accepte plus facilement le pire. Je venais enfin de comprendre pourquoi ils m’avaient tant combattu. Moi mon message c’était qu’il ne faut jamais désespérer et se battre jusqu’au bout. Mais ce message est l’antithèse de leur philosophie. Ce qu’ils oublient c’est que le pire ça tue aussi. Tandis que l’espérance ça ne tue personne, bien au contraire. J’ai envoyé des courriers suite à cette entrevue. Je n’ai jamais eu de réponse ni à aucunes de mes lettres d’ailleurs. C’est à ce moment précis que j’ai tout inversé les raisonnements. J’ai accusé les toubibs d’être « aphasiques ». Pendant deux mois ils disaient que Josiane était aphasique mais c’étaient eux qui l’étaient, en fait. Tout devenait clair dans ma tête. Le fait d’inverser tout, je les ai complètement déstabilisés. A force de me harceler avec ça, j’ai voulu savoir ce qu’était l’aphasie. Avec internet j’ai cherché s’il y avait des associations pour ce problème. Sur le dictionnaire médical j’avais découvert qu’il y avait 4 sortes d’aphasies. Si Josiane était atteinte de ce genre de séquelle, je voulais avoir tous les éléments concernant ce handicap. Sur internet, au Canada, j’ai découvert qu’un gaucher à 100% ne pouvait pas être aphasique, car chez le gaucher il n’y a pas d’inversion. Josiane est gauchère depuis toujours. Je ne vous dis pas le plaisir que j’ai eu à donner une leçon sur l’aphasie à ce toubib qui me prenait la tête avec ça. Lui, il avait été incapable de m’expliquer ce qu’était l’aphasie. La seule chose qu’il me disait c’est que la personne ne sait plus ouvrir les tiroirs où sont rangés les mots. Josiane avait des difficultés pour parler car elle avait été tubée pendant 8 semaines. Il ne faut pas oublier non plus l’oxygène qui agresse les muqueuses et les cordes vocales. Il faut du temps pour que tout redevienne normal. Pour conclure, ce jour là je leur ai dit : au lieu de passer votre vie avec des morts vivants, vous feriez mieux de venir parler aux vivants. Ça vous changerait les idées.

 

Cela me fait penser à autre chose. Pendant des semaines je me suis battu avec les toubibs parce que Josiane avait la bouche dans un état déplorable. On ne pouvait même plus distinguer ses dents tellement il y avait de tartre ou de saloperies. On m’a répondu c’est secondaire. Au début Josiane avait du mal à voir et j’ai eu très peur pour ses yeux. Il y a 30 ans Josiane avait eu un décollement de rétine. Je me disais que dans la violence de la réanimation son œil pouvait avoir eu des problèmes. On me disait : c’est secondaire. Quand je demandais des nouvelles de son oedème du poumon on me disait : c’est secondaire. Je ne supportais plus ce mot : secondaire. S’il y a un problème, ce n’est pas secondaire, les dégâts peuvent être irrémédiables. Ils se trompaient sur le traitement du cancer de la thyroïde. Ils me disaient c’est secondaire. Je leur ai dit : si vous la sauvez d’une rupture d’anévrisme pour lui déclencher un cancer ça ne sert à rien de la sauver. Je m’en suis aperçu car ils avaient des problèmes de tachycardies pendant qu’elle était dans le coma. J’ai dit regardez le dosage de thyroxine. On m’a répondu c’est secondaire et ça vous concerne pas ! J’ai contacté le professeur qui s’occupait de son cancer et il a envoyé un fax. Ils ont changé le traitement et pour se garantir ils ont ajouté du cordarone pour le cœur. Le problème c’est que ce médicament n’est pas compatible avec la thyroïde. Et c’est loin d’être secondaire. Ils sont soit disant capable de soigner un cerveau mais ils sont incapables de soigner un orteil. J’y reviendrais plus tard. 

        

Ensuite je me suis efforcé de ne m’occuper que de Josiane. Les grands esprits que sont ces toubibs me fuyaient ou évitaient de me rencontrer. Heureusement que les aides soignants ou les infirmières étaient gentils ou très compréhensifs. Souvent on est venu me parler et me dire qu’on comprenait mes idées. Je souriais. Qu’est ce que je pouvais faire d’autre ? Dès que j’arrivais dans la chambre la première chose que je faisais c’était d’arracher les couvertures qui serraient les pieds de Josiane. Ensuite je lui faisais un bisou sur le front et je changeais le capteur de doigt. Aussitôt elle me faisait un sourire car ça la soulageait. Ses doigts étaient violets avec cette pince en permanence. Je discutais avec elle, puis je lui massais les jambes pour faire circuler le sang. Pour moi c’était devenu un rituel depuis le premier jour où elle s’est retrouvée dans ce service. Je parlais avec elle comme si rien n’était et quand je la sentais fatiguée, j’allais fumer une cigarette dehors, ou boire un café. Je m’arrangeais pour ne pas déranger les aides soignantes. A force je connaissais les horaires et je m’en accommodais. Le soir je la quittais après l’avoir fait manger. Je lui ramenais à manger car ce qu’on lui donnait c’était immangeable. Je dis que c’est un crime contre l’humanité de servir ce genre de repas : ça sent pas, ça pue. L’hôpital dépense une fortune pour faire fabriquer cette merde qui finit dans les poubelles. Résultat le mieux c’est d’amener à manger au malade si on veut qu’il se rétablisse vite. J’ai vu des gens mourir de faim, à l’étranger, et rien que de savoir ce gâchis qui finit dans les poubelles j’ai envie de hurler. Du coup je ramenais des fruits consistants comme les bananes ou des pommes. Je ramenais des crèmes ou des fromages ou des gâteaux. Je cherchais tout ce qui a du goût ou des saveurs particulières pour lui redonner l’envie de manger, mais aussi de vivre.

 

Parmi toutes les infirmières il y en avait, quelques unes, qui avaient mes préférences. Certaines ont le don de la douceur, la sensualité, qui consiste à parler au malade et de lui expliquer que ce qu’elles vont faire est nécessaire. L’une d’entre elles un jour m’a demandé d’aller voir la technicienne du service IRM. Elle m’a dit que cette femme faisait des cauchemars depuis que Josiane avait eu ce problème lors de cet examen. Je suis allé voir cette femme. Ma première préoccupation fut de la rassurer sur l’état de Josiane. Mais en fait ses cauchemars ne concernaient pas Josiane, puisqu’elle la voyait souvent. Elle restait bloquée sur le fait qu’elle m’avait accompagné aux urgences et m’avait laissé seul là bas. Ses cauchemars c’étaient qu’elle me voyait seul, et sans personne pour m’aider, ou me soutenir. Ce jour là nous avons discuté longuement. J’avais également peur qu’on lui rejette la faute sur elle ou qu’on lui fasse endosser la responsabilité de ce qui était arrivé. Ce texte c’est un peu pour elle, aussi, que je le fais ! 

 

Un jour le toubib boutonneux, le poète, m’a téléphoné et m’a dit : en ce moment on conduit votre femme au bloc pour lui poser une valve à la tête. La veille il m’en avait parlé. Le but c’était de lutter contre son aphasie. C’est ce qu’il m’avait dit ce soir là ! Josiane nous parlait mais elle refusait de leur parler. Pourquoi était-elle comme ça avec eux ? Un jour où j’ai été la voir avec Stéphane, Josy nous montrait les blouses bleues des infirmières et nous a dit : j’ai tout entendu ! Puis elle m’a dit : tu en penses quoi toi ? J’avais tout compris. Ils s’imaginaient que Josy ne comprenait rien, donc ils parlaient sans retenue devant elle. Ce n’était pas la première fois que ma femme me faisait ce genre de remarque. Ce jour là je lui ai dit : n’écoute pas les toubibs. On a vécu des choses plus dures que ça dans notre vie. Une fois de plus on va s’en sortir.

 

Quand ce toubib m’a annoncé cette chose, sur le coup j’étais assommé. La veille il m’avait prévenu de cette éventualité. En revanche il m’avait dit qu’il attendait 5 jours pour voir comment ma femme allait évoluer suite à une ponction lombaire. Josy avait fait l’erreur, la veille, de demander le programme de la télévision. Avant elle refusait de leur parler et ce soir là elle se manifestait. Ce toubib venait de trouver la solution pour étouffer l’erreur de malveillance qui avait conduit ma femme une deuxième fois dans le coma. Ceci en me mettant devant le fait accompli, sans m’avoir consulté et  sans avoir ma permission. Je considère qu’il y a une différence fondamentale entre faire tout ce qui est possible dans l’urgence pour sauver, et faire des choses qui peuvent attendre, sans prendre de précautions. Une intervention chirurgicale, aussi minime soit elle, reste un danger. Surtout pour des gens qui sortent du coma. Le lendemain, comme je contrôlais tout sur les feuilles de soins, je me suis rendu compte que tous les examens de la veille étaient effacés avec du blanco. Qu’avait-on caché ? Des résultats positifs qui contredisaient ce qui avait motivé cette intervention chirurgicale ?

 

Après coup j’ai raisonné en technicien et je me suis rappelé ce qui coulait du drainage dans la tête de Josiane lors de son coma. C’était loin d’être un liquide clair. Ce qui me gêne c’est que cette valve existera toujours, et si elle n’était pas vraiment nécessaire ? Quelles seront les conséquences dans l’avenir. Ensuite je me suis rappelé de ce que m’avait dit Blaise au sujet de la cocotte minute et du clapet. Vous ne le croirez peut être pas mais nous étions le 30 juillet. Encore le nombre 30 !

 

         On m’avait prévenu que Josiane reviendrait à la surface au bout de 5 jours. En fait elle a du mettre au moins 10 jours à s’en remettre. Par contre les toubibs pour avoir le dernier mot ont déménagé Josiane de service au bout de 3 jours après cette intervention. Tout s’est fait le dimanche après midi. Juste avant que j’arrive. Dans l’empressement ils ont même cassé les lunettes de Josiane. Une fois de plus elle se retrouvait dans une chambre « placard ». Par contre cette fois ci, ils ont pris des précautions particulières. A chaque fois que des soignants intervenaient ils écrivaient le motif et l’heure précise de leur intervention. Cela n’empêchera pas que j’ai retrouvé 8 fois Josiane par terre. On la mettait assise dans un fauteuil et du fait qu’elle n’avait pas de forces, elle se retrouvait en vrac par terre. Inutile de vous dire le genre du spectacle. Ses seuls vêtements c’étaient une chemise de nuit enfilée par devant, ainsi qu’une couche. Une véritable épave sur le carrelage. La 8e fois j’ai attrapé la chef infirmière ainsi que la responsable administration et je les ai emmenées voir le spectacle. J’ai sorti l’appareil photo de ma poche et je leur ai dit : la prochaine fois la photo est sur internet le même jour. Tout le monde savait que j’avais un site internet. Je n’ai jamais dit de quoi je parlais dans ce site. Je peux dire qu’ils en avaient très peur car je n’ai jamais caché que je ferais un texte sur ce que j’avais vécu avec eux. De ce jour là je n’ai jamais retrouvé ma femme par terre et 8 jours après on avait trouvé une place pour Josiane dans un centre de rééducation. Quand j’ai demandé où Josiane serait transférée j’ai eu la preuve que les démarches pour la ramener à Paris n’avaient jamais été faites. L’hôpital avait jugé que le transfert serait trop coûteux. Par contre ils s’étaient servi de ça , en faisant croire à mes filles qu’ils faisaient le nécessaire pour ramener Josiane près d’elles, à Paris. Quand mes filles ont découvert, qu’elles s’étaient fait prendre dans un piège, elles se retrouvaient seules. Un combat de plus complètement inutile et nuisible pour tout le monde. Je me demande quel plaisir ils ont eu à vouloir nous faire vivre le pire du pire pour avoir le dernier mot. On se bat pour gagner et pas pour être cassés !

 

         Josiane a quitté cet hôpital le 26 août. Exactement 12 semaines après sa rupture d’anévrisme. Le soir en rentrant chez moi je passais chez Patricia pour lui donner des nouvelles, mais aussi pour faire le vide. Quand je lui ai annoncé la bonne nouvelle que Josiane sortait le 26 août, la première chose qu’elle a fait c’est d’aller chercher un calendrier. Elle voulait contrôler s’il y avait encore un lien avec les nombres. Quelle surprise ! Josy a eu son clash le lundi de la 23e semaine et elle sortait le lundi de la 35e semaine. Encore cette notion d’un temps et d’un demi temps : 23+12=35. Par contre si on sait que l’oméga est la fin d’un cycle on peut admettre que Josiane, ce jour là : le 3 juin, était à la fin de quelque chose. Aujourd’hui je dirais qu’elle était à la fin d’une vie et que nous sommes au début d’une autre vie. Quand je me suis rendu compte de ça aussitôt, j’ai calculé sur une année entière. J’ai donc ajouté un demi-temps à 35 semaines et j’avais la certitude que Josiane serait chez elle pour Noël. 35+17=52 semaines.    

 

         Le jour du transfert j’ai demandé aux ambulanciers si je pouvais montrer Josiane à son chien. Cette pauvre bête savait que j’allais la voir tous les jours. Il sentait son odeur. Comme il ne la voyait pas revenir il se vengeait sur moi. Je me rappelle le premier jour quand je suis revenu à la maison. J’ai sorti les vêtements que portait Josiane pour les mettre à la poubelle. Le chien m’a arraché le tee short  que portait Josiane. Il a piqué une véritable colère sur ce chiffon. Je peux dire qu’il avait la rage en lui. Ensuite il a été dans sa caisse, qui lui sert de niche, et il a caché ce vêtement sous sa couverture. Je vous garantie qu’il était impossible de lui reprendre ce chiffon. Je me rappelle aussi le jour où Josiane a ouvert les yeux pour la première fois. J’ai été le premier à être surpris par ce qui m’attendait en arrivant chez moi. Je n’étais même pas sorti de la voiture que tous les animaux me faisaient une fête dont, je ne reviens toujours pas. L’autre chien n’est jamais sorti de sa niche pendant 3 semaines. Ce jour là il n’arrêtait pas de hurler. L’oie et les poules en faisaient autant. Même la chatte était là ! Je savais que les animaux ont une sensibilité particulière pour ces choses là. Mais je ne m’attendais pas à une telle réception. Je dis que c’est une belle leçon pour ceux qui sont indifférents devant la souffrance. Les animaux sont plus humains que certains humains.

 

         A son arrivée au centre de rééducation dès le départ on m’a pris à part pour me dire ceci : surtout ne dites rien. Ici vous n’êtes plus à l’hôpital. Si vous voulez on en reparle dans 8 jours. J’avais compris qu’on avait passé le message que « le loup blanc » arrivait et qu’il fallait se méfier de moi. La seule chose que j’ai dite c’est : ma religion c’est l’humanisme. S’il n’y avait pas de problèmes sur ce sujet, ils n’auraient jamais à se plaindre de moi. Je dois dire que Josiane a été très bien reçue. Tout était organisé pour son arrivée. A son départ de l’hôpital personne n’est venu lui dire au revoir. Dans ce centre on lui souhaitait un bon séjour dès son arrivée. Le cadre était agréable. Josiane avait une chambre particulière donnant sur un petit parc. Aussitôt je me suis senti plus serein. J’ai installé les photos de ses enfants sur le mur, comme ça l’était à l’hôpital.

 

         D’entrée je me suis rendu compte que tout était l’inverse de l’hôpital. La nourriture était plus, que correcte. Je dirais même abondante. Le personnel soignant est venu de suite vers nous pour nous demander si on avait besoin de quelque chose. J’ai remarqué de suite que même s’il y avait peu de personnel, tout était fait pour faciliter les choses. Tout le personnel avait des téléphones portables pour gagner du temps. Aussitôt j’ai senti que Josiane était en de bonnes mains. Il restait un problème crucial : les médecins. Quel genre de médecins étaient-ils ? Je venais de vivre le pire avec ceux de cet hôpital, mais je restais tout de même confiant. Je me disais qu’ils n’étaient pas tous comme ça. Quand on sait la gentillesse de ce professeur qui soigne Josiane pour son cancer depuis 25 ans on ne peut que se dire qu'il n'est pas unique dans son genre. J’ai donc décidé de me tenir en repli et de les laisser venir à moi.

 

         Les après midi quand j’arrivais, Josiane était souvent fatiguée et dormait. Je faisais 170km chaque jour pour lui rendre visite. Quelque part c’est décevant de trouver celui, qu’on vient voir, et qu’il dort. J’allais sur la terrasse et je pensais à tout et à rien. Un jour une idée m’est passée par la tête. Quand j’ai commencé de pratiquer l’écriture auto Blaise m’avait dit ceci : tu feras un livre de ces écritures. Ce livre sera pour les cassés de la vie et les peureux. Quoi qu’il arrive à Josiane j’avais décidé de clôturer ce site où j’explique ce chemin parcouru avec ces écritures. Ce texte serait le dernier ! Cette pensée que je venais d’avoir en a déclenché une multitude d’autres. Je me rendais compte que j’étais dans un univers de gens cassés et je sortais de l’enfer de la peur. J’ai toujours su que ma vie était liée à ces écritures. C’est pour cette raison que j’ai fait un résumé de ma vie dans le site. Mais delà à penser que je terminerais ce site dans ces conditions, ça je ne l’aurais jamais imaginé. Il est sûr et certain que Josiane avait cette faiblesse en elle. Cette rupture d’anévrisme devait éclater un jour ou l’autre. Mais de là à pouvoir imaginer que tout serait fait pour sauver Josiane ……. C’était plus qu’une protection. Plus tard j’irais jusqu’à me demander si c’était moi qui avait été protégé toute ma vie ou si c’était elle. Je me suis même demandé si ma mission sur terre ce n’était pas de protéger Josiane des humains. On m’a souvent reproché de surprotéger mes filles par exemple. J’ai toujours eu ça en moi : protéger ma famille envers et contre tous. Peu importe le prix à payer. J’ai toujours été aussi le protecteur des faibles et ceci depuis tout petit. Je protégeais mes frères et ma sœur mais aussi les petits et les faibles à l’école.

 

         Cette idée ne me quittait pas et de jour en jour je me suis rendu compte que tout ce que m’avait appris Blaise en 8 ans d’écritures automatiques, j’étais en train de le vivre. Josiane était plus qu’un message. C’était le résumé de plus de 20 000 pages d’écritures auto. Je venais de tout comprendre et j’ai décidé de tout passer au peigne fin. Josiane était ma priorité et je n’aurais jamais imaginé non plus que je ferais des choses que je croyais impossibles. Blaise m’avait dit : le corps a ses limites et l’esprit a ses limites. Aujourd’hui je peux dire que nous avons des ressources en nous que nous ne connaissons pas. On ne les soupçonne même pas.

 

Dès que Laëtitia a pu venir voir sa mère elle a fait tout ce qu’elle pouvait pour elle. Lola était heureuse de pouvoir câliner sa Mamé. On avait tous l’impression de revivre. Au moindre rayon de soleil j’emmenais Josiane dans le parc. Le soleil est une source de vie. Josiane remontait à la surface petit à petit. Moi aussi d’ailleurs, car si Josiane a maigri de 25 kg dans cet hôpital, moi je n’étais pas mieux. J’ai dit souvent que si j’avais été à sa place je serais mort. Moi je ne peux pas perdre 25kg, sinon il ne me resterait que la peau et les os. Entre nous il faut vraiment avoir envie de vivre pour s’en sortir d’un truc pareil.

 

A son deuxième voyage Laëtitia qui est assistante dentaire a amené tout ce qu’il fallait pour faire un détartrage des dents à sa mère. Dès son arrivée au centre les médecins se sont souciés des poumons de Josiane. Ce qui n’a jamais été le cas dans cet hôpital. Josiane avait une toux horrible. Elle s’en étouffait. J’ai la certitude que ce détartrage a eu un effet positif sur cette toux. En tout cas ça me paraît logique. Nous en avons parlé avec ma fille. Dans d’autres pays il existe un statut d’hygiéniste pour les assistantes dentaires. Ce statut n’existe pas dans notre pays. Donc c’est un manque évident pour les patients qui sont alités en permanence dans les hôpitaux. C’est une profession qui manque cruellement, car les dents en mauvais état sont souvent la cause d’autres maladies comme les os ou le cœur ou les poumons, l’estomac, etc.

 

J’ajouterais que ce problème peut paraître secondaire (tu emploies le terme « secondaire » volontairement ?) car il y a d’autres problèmes où la personne est littéralement considérée comme une chose. Dans un but de facilité on lui pose des sondes urinaires et ensuite on lui met des couches. Ils justifient les couches en disant qu’il y a des fuites urinaires ou autres. C’est un engrenage qui consiste à infantiliser le patient. Josiane est une femme qui a toujours été pudique et très propre. Essayez d’imaginer sa détresse de se retrouver dans cette situation. Josiane a toujours refusé que les autres soient là pour faire sa toilette, et c’est ce qui la rongeait le plus. Du coup je me suis investi dans ces problèmes, pour qu’elle se sente le mieux possible. Je n’aurais jamais cru que je puisse essuyer le derrière de ma femme. A chaque fois je me disais : pense à  ton beau père qui a fait ça pendant des années pour sa femme ! Souvent les aides soignantes ont été étonnées de mon investissement pour Josiane. Je le faisais pour elle et pour elles. Le but était de les aider afin qu’elles puissent mieux s’occuper des autres. Je ne voulais pas être un simple spectateur. Le jour où Josiane a passé cet IRM je lui avais promis de lui tenir la main. Donc je voulais la lui tenir jusqu’au bout.

 

Début septembre c’était l’anniversaire de notre mariage. A l’hôpital j’avais promis à Josiane de lui payer une nouvelle alliance. Je lui ai donc acheté cette alliance, pour cette occasion. Pour moi cette alliance a une autre signification. Elle symbolise l’alliance que j’ai faite pour lui sauver la vie. Eux là haut ont refusé cette alliance, mais moi je sais que j’ai une dette envers eux. Et chaque fois que je prendrais la main de Josiane pour l’aider ou l’accompagner, je sentirais cette alliance. Par la même occasion je renouvelais la promesse que j’avais faite le jour de notre mariage : Pour le meilleur et pour le pire jusqu’à ce que la mort nous sépare. Josiane porte cette alliance et moi je porte ma croix.

 

Josiane avait du mal à se situer dans le temps. Je devais la stimuler à retrouver des repères. Avant cet accident, je savais que la télévision était comme une horloge pour elle. Mais pour l’aider encore plus, je lui avais acheté une grosse pendule que j’avais attaché sous la télévision. C’est un petit détail qui a toute son importance, car au fil du temps, les heures sont devenues des quarts d’heure.

 

Un jour quand j’arrive au centre un aide soignant m’attrape et me dit : vous allez enlever tout ce qui est tranchant car votre femme ce matin a essayé de couper la sangle qui la tient à son fauteuil. Quand il me dit ça j’éclate de rire. J’avais compris que Josiane n’acceptait pas d’être attachée. Le problème c’est qu’elle n’avait pas eu assez  de force pour couper cette sangle et que sa maladresse aurait pu lui coûter cher. Un faux mouvement et elle pouvait se faire très mal. Mais en plus elle ne se rendait pas encore compte de la réalité de son état. Elle n’était pas consciente de ses handicaps et elle aurait pu tomber et se faire très mal. D’ailleurs plus tard ça va lui arriver à 3 reprises, mais heureusement sans gravité. Pendant des semaines entières Josiane ne pensera qu’à détruire cette sangle. Je ne vous dis pas comment elle s’est acharnée dessus. Plus tard elle nous dira que son but c’était d’aller aux toilettes toute seule.

 

Quand le soleil a commencé de se cacher et qu’il pleuvait, j’ai découvert en promenant Josiane, qu’il y avait une salle où les gens se retrouvaient. Depuis le début je restais à l’écart de tout le monde. Personne ne venait vers moi et je n’avais pas envie de revivre ce que j’avais vécu dans cet hôpital. C’est comme ça que j’ai fait connaissance avec la femme du parisien qui était décédé. Elle se trouvait également dans ce centre. Elle est venue vers moi plusieurs fois et je ne savais pas quoi dire à cette femme. Elle savait que j’avais été copain avec son mari et donc elle me parlait de lui. Elle est sortie très vite de l’hôpital donc nécessairement elle est sortie très vite de ce centre. J’ai revu aussi la mère de ce gars qui avait eu les mêmes complications que Josiane, le fils du deuxième parisien. Le jour où je l’ai vue Josiane était avec moi. Son fils était très en retard par rapport aux progrès de Josiane. Sa réaction fut de nous dire : ça fait plaisir de la voir comme ça, au moins ça me donne de l’espoir pour mon fils. Son fils avait perdu la vue et il a été conduit dans une structure plus adaptée pour lui. Je n’ai jamais revu ces gens. J’ai revu aussi un jeune qui avait eu un accident de moto et dont la famille avait eu des problèmes identiques aux miens dans cet hôpital. La première fois que sa fille a pu voir son père, après son accident, elle l’a trouvé en vrac sur le carrelage. La gosse disait sans cesse : papa a eu encore un accident ! Génial pour une gosse de trouver son père comme ça !

 

Petit à petit j’ai retrouvé l’ambiance de la salle d’attente, mais d’une façon différente. J’avais l’impression d’être dans un autre monde. Autour de moi il n’y avait que des gens cassés. Il y en a qui sont cassés dans leur tête et d’autres qui ont toute leur tête mais dont le corps est entièrement cassé. J’avais mal pour eux. Moi qui a été un casse cou toute ma vie j’ai toujours eu la chance de m’en sortir comme un miraculé. Des chutes j’en ai fait. Je ne peux même pas les calculer. En plus c’étaient toujours des chutes spectaculaires. Je me faisais mal mais je m’en sortais toujours bien. La plupart d’entre eux avaient fait une chute bénigne dont les conséquences étaient graves. Je pense à ces deux gamins qui ont fait une chute de scooter : l’un s’en sortait à moitié cassé et l’autre était dans un fauteuil paralysé à vie. Je pense à Céline qui a glissé dans une piscine et qui a eu le coup du lapin. Cette femme a tout perdu : son mari, son logement et ses enfants sont placés dans des familles d’accueil. Des comme eux il n’y a que ça dans ce centre.

 

Ce qui m’étonnait le plus c’est que les gens restent dans leur coin. Il est très rare que les gens viennent vers les autres pour parler. Les handicapés forment des clans mais dès que la famille est là il est très rare que les gens se mélangent. J’en étais arrivé à me demander si les handicapés refusent de nous infliger leur handicap. Une sorte de pudeur ou de respect, je ne sais pas. J’avais sympathisé avec Annie et Jean Claude. Il avait un problème à la colonne vertébrale et sa femme agissait de la même manière que moi pour l’aider. J’avais l’impression qu’on faisait le même parcours pour se battre contre la fatalité. Ce qui relie les gens dans cette salle c’est la machine à café, les cigarettes, les jeux et les journaux. Petit à petit on est obligé de se croiser et de se parler. Ce n’est jamais très fort comme lien mais on se dit bonjour, bonsoir. Je dois dire que je suis un solitaire et je n’ai jamais essayé de faire le premier pas. J’essayais d’être courtois ou prévenant mais rien d’autre. J’étais avec Josiane dans cette salle pour lui faire voir du monde et ça s’arrêtait là. Ce qui me gênait c’était de voir les jeunes tourner en rond. On peut dire qu’ils s’emmerdaient. Je n’ai pas compris pourquoi on ne leur fournissait pas internet. Ils auraient pu au moins être reliés à l’extérieur et pouvoir dialoguer avec des gens sans qu’on sache leur handicap. Ce ne sont pas les ordinateurs qui manquaient. Quand j’étais radio amateur les aveugles bénéficiaient gratuitement d’un système vocal pour se servir de leur poste émetteur. Cet accessoire était fourni gratuitement par le constructeur et chaque radio amateur savait qu’il participait à ça. Avec le nombre d’internautes la participation serait dérisoire. C’est le seul reproche que je ferais à ce centre. C’est sûr on ne fait jamais assez pour les autres qui sont cassés. Et ce sont des petites choses qui font le plus de plaisirs.

 

Josiane reprenait ses forces petit à petit et un jour j’ai voulu discuter des traitements avec les médecins de ce centre et aussi de l’évolution de Josiane. Il fallait bien que ça arrive un jour ou l’autre.  Depuis le début je me comportais comme un spectateur qui analyse tout ce qu’il y a autour de lui. C’est mon coté méfiant ! Cette méfiance était plus que justifiée avec ce que je venais de vivre. Ce jour là, le médecin est venu nous rejoindre dans la chambre de Josiane. Pour lancer la conversation, je lui ai demandé où en était le traitement du cancer de Josiane et quel était le dosage de thyroxine qui lui était prescrit. Sa réponse fut de me dire qu’il voulait équilibrer le dosage comme à tout le monde. Ce n’était pas du tout le système qui était employé depuis 25 ans. Il fallait sur doser la thyroxine pour éviter que le corps cherche à faire travailler une glande qui n’existe plus. Ce traitement je le connais par cœur depuis le temps ! Je ne pouvais pas discuter de ça avec lui. Il avait décidé que c’était comme ça, et pas autrement ! Une façon de montrer que c’est lui le meilleur. Ils sont tous comme ça ! C’est toujours celui qui est devant vous qui est le meilleur. La seule chose qu’il me disait c’est que j’interprétais ce que m’avait dit le professeur à Paris. La solution était simple. Il suffisait de faire comme pour les médecins de l’hôpital. Il fallait que le Professeur de Paris envoie encore un fax pour expliquer comment on doit faire pour traiter ce genre de problème. C’est ce que j’ai fait. Dans la conversation il m’a dit : le problème avec vous c’est que vous savez tout. Je n’ai pas voulu savoir pourquoi il me disait ça ! Ma réponse fut de lui dire : en plus vous ne savez pas tout ce que je sais et ce que je peux savoir. De suite il a senti que la conversation prenait une mauvaise tournure. Il m’a dit : ce qui s’est passé à l’hôpital c’est le passé. Ici c’est autre chose. Ma réponse fut de lui dire : alors traitez moi comme un être humain et parlez moi en homme, pas en surhomme. C’est la solution qui sera acquise et tout le temps où Josiane a séjourné dans ce centre on a respecté cette solution. Plus tard, il fera lui même le geste de se déplacer pour venir nous saluer dans la salle de la cafétéria. J’ai apprécié ce geste venant de sa part. J’appréciais également l’autre médecin mais pour des raisons différentes. Cet homme avait un nom très compliqué et tout le monde l’appelait par son prénom. Je ne crois pas que c’est un hasard. Ça fait partie de son destin sûrement !

 

Ce jour là, en rentrant chez moi je n’arrêtais pas de penser à cette phrase : vous interprétez. A chaque fois qu’on touche un point sensible avec les médecins pour les contredire ils nous disent : vous interprétez. Si vous saviez le nombre de fois où j’ai entendu cette phrase à l’hôpital. Avant de rentrer chez moi je passe chez Patricia et nous décidons de chercher dans le dictionnaire ce que veut dire : interpréter. Un interprète est une personne qui traduit entre deux personnes qui ont un langage différent. Tout le problème est là. Ces gens pour se montrer supérieurs utilisent un langage supérieur. Ils pensent que les autres ne peuvent pas comprendre le langage qu’ils emploient. Et dès qu’on leur montre qu’on est apte à les contredire, ils nous disent qu’on interprète. En ce qui me concerne je ne faisais que réciter le contenu d’un fax que je connaissais par cœur. Ce fax venait d’un professeur donc ça prouve bien que la notion de hauteur ou de supériorité se situe bien dans l’interprétation. Ce n’est pas moi qui interprétais ? C’est lui ou eux qui interprétaient ce que disait un professeur mais comme le récit sortait de ma bouche il était mal interprété par eux.

 

J’ai toujours dit que les toubibs se comportaient comme une secte. Je dirais plus aujourd’hui. Ils se comportent comme une mafia. Je m’explique. Dans une mafia il y a le parrain, les bras droits et les soldats. Les bras droits se battent entre eux pour prendre la succession du parrain et les soldats vont au casse pipe. Par contre dès que le parrain est en danger ils font tous bloc et le silence est d’or. C’est exactement ce qui s’est passé avec Josiane. Par la suite ils ont tous fait bloc derrière cette chef de service, de l’hôpital. Etait ce pour des intérêts financiers ? Etait ce par crainte de l’exclusion ? Tout est possible. J’ai demandé à plusieurs reprises les dossiers médicaux concernant les hospitalisations de Josiane dans cet hôpital. On ne m’a jamais répondu. Pourtant la loi est précise à ce sujet là. Elle a même été modifiée et renforcée récemment. Un jour on m’a dit qu’ils préféraient être condamnés par défaut plutôt que de donner les preuves de leurs erreurs. C’est ma conviction ! Par contre on m’a fait savoir à deux reprises qu’il valait mieux que je ne sois jamais hospitalisé dans cet hôpital. On m’a même précisé que j’aurais droit à la bonne piqûre. Décidément c’est une habitude dans cet hôpital.

 

Je parlais de mafia et de système. Je me rappelle que début août j’ai tout fait pour arracher Josiane de cet hôpital. J’avais même trouvé une place dans une maison de convalescence près de chez nous. L’astuce c’était qu’on soit plus présent avec elle. On m’a refusé cette éventualité en prétextant que cette maison n’était pas adaptée pour Josiane. Ils préféraient la garder dans une chambre placard car sinon ils auraient été obligés de faire suivre le dossier médical à des gens qui ne sont pas dans leur système. Ça va plus loin car un jour j’ai découvert un centre familiale près de chez moi qui est vide. Ce centre a été fait pour accueillir des familles de handicapés. Le problème c’est qu’il ne fait pas partie du système, donc il est vide ! Dans ce centre de rééducation où était Josiane j’ai été surpris du nombre de personnes qui sortaient de cet hôpital et qui avaient eu des problèmes d’erreur médicale. Un exemple : des problèmes d’infections suite à des interventions chirurgicales. Je me suis demandé si on ne cachait pas ces gens là dans ce centre. Le but était le laisser passer le temps et comme tout est bien fait, dans ce centre, ensuite on oublie les griefs. Très souvent les gens sont venus vers moi pour se plaindre. Je les écoutais et je ne comprenais pas pourquoi ils ne faisaient pas quelque chose pour que ça se sache, mais surtout que ça s’arrête. Ma conviction c’est que les gens ont peur. Ils sont pris en otages, quand s’ils se plaignent. Leur crainte c’est que le malade soit considéré comme un paria. Ensuite avec le temps ils oublient et ça fait partie du passé. La vie continue mais les malheurs aussi !

 

Josiane devenait de plus en plus gaillarde et un jour où le médecin passait dans sa chambre je lui ai demandé de la laisser sortir le week-end. Le but c’était de lui rappeler qu’elle avait une autre vie à l’extérieur. Je me rendais compte que Josiane était en train de se construire un monde à elle dans ce centre. En plus j’avais la crainte que dans ce nouveau monde qu’elle se construisait, elle zappe sa vie, d’avant cet accident. J’avais peur que ses filles qui étaient loin deviennent secondaires (ils t’ont marqué avec secondaire…) pour elle et que d’autres puissent prendre cette place dans son cœur et son esprit. Le médecin m’a refusé cette possibilité en prétextant que Josiane était « trouble ». Le lendemain j’ai envoyé un fax pour préciser certaines choses au sujet de ce mot « trouble ». J’ai même précisé qu’on pouvait imaginer qu’on séquestrait les malades les week-ends, puisque qu’il n’y a aucun soin particulier de rééducation. Je disais à ce médecin que ses propos étaient « troublants ». Du coup il m’a dit : vous faites ce que vous voulez. Et j’ai répondu : je suis un monsieur responsable, alors j’en prends la responsabilité. Ce fut le week-end le plus pénible pour moi. Pourtant j’avais tout organisé pour que tout se passe bien. La mère de Stéphane s’occupe de personnes âgées et elle a accepté de se charger de la toilette de Josiane. Le médecin du village était prévenu. Il est venu rendre visite à Josiane d’ailleurs. En sortant de la voiture Josiane s’est effondrée par terre. Je ne savais plus comment faire. Je peux dire que j’ai appris beaucoup de choses ce week-end là. Il a fallut trouver tout un tas de petites astuces pour faciliter les problèmes. La mère de Stéphane m’a montré comment faire, pour laver Josiane. Je peux vous dire que la première fois c’était tout une galère. Josiane ne tenait pas sur ses jambes. Nous avons mis un tabouret dans la douche pour pouvoir l’asseoir. Ensuite j’ai ouvert les portes du placard devant l’évier pour que Josiane puisse finir sa toilette, seule installée dans son fauteuil roulant. Ce sont des astuces simples qui deviendront toute une organisation. Quand je l’ai ramenée au centre le dimanche soir j’étais crevé et vidé. J’avais vécu deux jours dans la peur qu’il lui arrive quelque chose. Je n’ai pas dormi pendant deux jours. La première chose que j’ai faite le mercredi suivant, fut de poser une permission officielle qui a été acceptée par le médecin. Ensuite c’est devenu une habitude jusqu’à la fin de son séjour dans ce centre.

 

Rappelez-vous cette histoire d’un temps et d’un demi-temps qui existait depuis le début. Ce premier week-end était la 6e semaine et Josiane avait été hospitalisée 12 semaines. Vous pourrez me dire que j’ai forcé les choses en obligeant ce médecin à accepter qu’elle rentre chez elle le week-end. C’est vrai mais il aurait pu refuser aussi. Si ce médecin a accepté qu’elle sorte régulièrement ensuite, c’est qu’il s’est passé une chose incroyable. Josiane, dans la semaine qui a suivi, a explosée. Elle était complètement différente. Tout le monde s’en est rendu compte. Plus tard, on va se rendre compte que Josiane a commencé à prendre des repères à partir de cette sortie. Tout ce qui s’est passé à l’hôpital et ses débuts dans ce centre, elle n’en a aucun souvenir. Elle a tout zappé. En novembre elle dira : ça fait un mois que je suis ici. Elle dira aussi qu’elle se souvient qu’elle s’est retrouvée dans sa chambre, dans son lit et moi en face d’elle. Pour elle ce fut  comme un flash. Elle se réveille d’un coup.

 

Ce fut une révélation pour moi. Plus qu’une victoire. La question fondamentale se posait : où est la conscience dans ce genre d’accident. Les toubibs m’ont pris la tête avec ça. Je ne comprenais pas leur définition de la conscience qu’ils me donnaient. Pour eux ouvrir les yeux c’est être conscient, puisqu’ils confondent, éveil et conscience. Mais ils disaient aussi que quand Josiane dit quelque chose, elle n’est pas consciente de ce qu’elle dit. Un jour j’ai même rétorqué que Josiane m’avait dit qu’elle m’aimait, et ce n’est pas tous les jours qu’elle me disait ça. Avec ce qui venait de se produire avec Josiane, je voulais comprendre ce qui s’était passé pendant des mois. J’en suis arrivé à la conclusion qu’on mélange tout, quand on parle de conscience. Ce mot a plusieurs définitions totalement différentes.

 

A/ il y a la conscience qui nous travaille quand on a des remords et des regrets. Dans ce cas j’ai une définition spirituelle qui dit que c’est notre égo, là haut, qui nous rappelle nos erreurs dans le but de les réparer. C’est ma croyance et je ne veux l’imposer à personne.

B/ il y a une conscience que je vais appeler : conscience spontanée. C’est la conscience qu’avait Josiane quand elle était à l’hôpital,  jusqu’au jour où elle est revenue à elle. Je dirais que c’est la conscience de l’âme. Pour moi l’âme est la petite flamme de la vie qui fait qu’on est vivant. Cette conscience est liée à la mémoire du passé, ou du vécu, et à l’intelligence. Elle utilise tous les acquis de la vie d’avant. Dans ce cas là, la personne est hors réalité. Elle n’est pas consciente de la réalité où elle se trouve. C’est une sous-conscience ! Je me pose donc la question suivante : est ce que pendant que Josiane était dans le coma, je communiquais avec son corps ou son esprit ? Les deux je pense !

C/ Il y a une autre conscience : la vraie. Celle que venait de retrouver Josiane. A quoi peut-on relier cette conscience. La seule réponse que j’ai trouvée c’est que son esprit venait de revenir en elle. Cette conscience est liée à l’esprit.  Il a suffit qu’elle rentre chez elle pour que ça se produise. A croire qu’elle est partie faire cette  IRM sachant ce qui allait lui arriver et qu’elle a récupéré son esprit le jour où elle est venue chez elle. Trouvez-moi une autre explication.

D/ Il y a d’autres états de conscience qui sont liés à l’évolution de l’Homme. Il y a celle du nourrisson,  de l’enfant, de l’adolescent, de l’homme, et du vieil homme. Aucun n’a le même état de conscience que l’autre. Cette évolution est liée à l’Alpha Oméga de la vie d’un Homme qui va de la naissance (alpha) à sa mort (oméga). Il en est de même après la mort ! L’esprit traverse des états de conscience pour se purifier dans le but de se réincarner ou accéder à une autre réalité.

E/ il y a aussi la conscience collective mais là je vous laisse vous poser des questions sur tout ces problèmes, et en particulier sur l’humanisme.

 

Un jour en parlant de ce problème avec Stéphane, il m’a fait remarquer qu’entre le mot : consciente, et conscience, il y avait une lettre de différence mais que la différence était énorme. Ça mérite d’y réfléchir et j’invite certains médecins à se pencher sur le problème au lieu de considérer les malades comme des tas de chair et d’os. La conscience n’est pas que l’éveil ! J’irais plus loin en disant que l’esprit est lié au subconscient et que l’âme est reliée au conscient 

 

Le 1er Novembre en passant devant un cimetière je me suis surpris à dire : Paix a leurs âmes. Aussitôt je me suis dit : mais c’est une erreur, c’est impossible de dire ça ! Si l’âme est l’esprit, leur âme est ailleurs. Dans ce cimetière il n’y a que des restes et des noms écrits sur des pierres. Alors pourquoi, disons-nous, cela? Je venais de trouver la différence fondamentale entre l’âme et l’esprit. Blaise m’avait dit que l’âme est la flamme de la vie et j’en avais la certitude. Il m’avait appris que l’esprit c’est autre chose. C’est une entité qui s’incorpore au corps humain. Ce jour là j’ai découvert autre chose. L’âme est liée aussi à l’identité de la personne. Mais aussi à l’image que l’on voit de cette personne. Pour comprendre ça, la simplicité c’est de croire à la réincarnation, mais ce n’est pas indispensable. Dans cette vie je m’appelle Martin Daniel et j’ai fait un chemin particulier qui fait qu’après ma mort l’âme de cet homme sera de dire : c’était lui et il a fait ça ou ça. Le fait de dire : paix à son âme voudra dire : il a eu sa vie, il fait ça ou ça, alors laissons ça dans le passé. Etant donné que je crois à la réincarnation je peux dire que mon esprit est passé d’âmes en âmes à travers les siècles. Mais aussi de nom en noms. Ces âmes sont comme les pages du livre de mes vies sur terre. Le jour où j’ai compris tout ça, je me suis rappelé que le cœur de mon esprit c’est mon « intime ». J’ai compris que Josiane avait récupéré son « intime » le jour où elle est venue chez elle en week-end. Dans l’une de mes devises je dis qu’il faut voir loin au milieu ! Le plus difficile c’est de trouver le milieu. Le cœur de notre corps doit faire l’unité avec le cœur de notre esprit. Ce jour là Josiane avait retrouvé son « UNITE ».

 

Les jours se sont écoulés les uns après les autres. Josiane faisait des progrès considérables. Je continuais de rester à l’écart de tout. J’étais très observateur. Je me disais : regarde bien et n’oublie jamais ce que tu vois. Petit à petit les autres venaient vers nous pour parler et vider leur cœur. Je regardais Josiane et je me disais que j’étais chanceux. Elle aussi me dira : cette femme a eu la même chose que moi. Et j’aurais pu être comme elle. Un jour la femme qui m’avait dit au départ : taisez vous on en reparlera dans 8 jours, m’a dit : je peux vous dire que vous avez surpris tout le monde. On nous avait dit : la bête noire arrive, méfiez vous. Depuis que vous êtes ici on n’a eu aucun problème avec vous. Ça prouve qu’il y avait d’autres problèmes dans cet hôpital. Quelques jours plus tard j’ai reçu un coup de téléphone provenant de la présidente de l’association d’accompagnement dans la mort. J’ai eu une longue conversation avec elle et j’ai accepté d’aller témoigner dans une réunion. J’ai fait un courrier où j’expliquais que mon combat était totalement différent et que ce combat je le ferais seul. Par contre si on pouvait se servir de ma mauvaise expérience pour en tirer profit je ferais tout pour les aider. Lors de cette réunion, après avoir raconté mon histoire je me suis rendu compte qu’il y avait au moins deux personnes qui connaissaient ce genre de problèmes. J’ai refusé d’enfoncer le couteau et je me suis dépêché de partir. C’est un autre problème et je ne voulais pas influencer ces gens. Par contre je suis sûr que des idées ont fait leur chemin.

 

Début Décembre Josiane me téléphone le midi pour me prévenir que dans l’après midi, elle devait voir un médecin. Je suis venu plus tôt pour être avec elle. C’était ma façon de tout savoir afin de l’aider au mieux plus tard. Il avait fallu tout lui réapprendre et je ne voulais rien laisser de côté. J’avais discuté avec la psy neurologue qui avait fait le bilan des séquelles au cerveau. Elle avait été surprise que mes idées aillent dans le même sens que les siennes. Je disais que je considérais le cerveau comme un disque dur d’ordinateur. Je savais que des clusters étaient détruits et qu’il fallait réinstaller des fichiers dans d’autres parties du disque dur. Elle disait la même chose mais d’une façon différente. Donc ce jour là, Josiane devait voir un médecin. Quelle surprise quand nous sommes entrés dans le bureau. La chef de service de l’hôpital était là, entourée de toute sa petite cour. Tous les médecins du centre étaient autour d’elle pour la servir. J’ai laissé Josiane s’avancer vers elle et je suis resté en replis derrière tout le monde. J’avais une vue d’ensemble sur tout ce petit monde. La première chose qui m’a révolté c’est que j’avais l’impression que Josiane faisait un numéro de démonstration. Un peu comme un singe dans un cirque. Je ne disais rien et j’observais. J’attendais le bon moment. La reine se réjouissait des progrès de Josiane. Puis elle a fait l’erreur de me demander ce que j’en pensais. Bien face à elle, je lui ai dit que cette réussite il fallait l’enlever de ses statistiques. En quittant son hôpital Josiane n’était plus qu’une épave. Aussitôt elle a essayé de dévier la conversation et s’est retournée vers les médecins du centre en leur disant : encore 6 mois et elle sera sortante. Je l’ai regardée et là j’ai explosé. Je refusais que ce soit encore elle qui donne ses ordres dans ce centre où je considérais qu’elle n’avait pas sa place. J’ai refusé qu’elle dise que Josiane resterait encore 6 mois et je lui ai dit textuellement : dans votre hôpital vous prenez tout le monde pour de la merde, oui de la merde. Mais la seule merde que je vois ici c’est vous ! A ce moment précis tout le monde s’est écarté et il n’y avait plus qu’elle devant moi. J’attendais qu’elle réponde. Sa seule idée fut de chercher de l’aide chez Josiane qui lui a dit : désolée il est comme ça ! Et Josiane s’est retournée, vers moi, et m’a sourit. J’ai précisé que d’autres médecins de Paris, attendaient que Josiane sorte pour prendre le relais. J’ai pris le fauteuil de Josiane et je suis parti en disant : le spectacle est terminé. En sortant tous ceux qui attendaient leur tour nous disaient : bon week-end. Ils étaient tous heureux de ce qu’ils avaient entendu à travers la porte. Nous sommes partis et je me sentais soulagé. Pendant le week-end j’ai fait une longue lettre à cette dame. Pour une fois elle m’a répondu. Je vous jure que sa lettre vaut le détour ! Surtout la dernière phrase. Elle envoie ses dévouements au patient. Ça confirme que la famille, elle n’en a rien à faire. Quand au reste de sa lettre, elle ne parle que d’argent ou qu’elle refuse de discuter avec moi.

 

Deux jours plus tard on m’a demandé d’aller voir le médecin qui s’occupait de Josiane. J’y suis allé et on m’a dit que Josiane était sortante. Il suffisait que je décide de la date. On m’a proposé le 20 décembre ou le 13 décembre. Etant donné que j’avais bien compris qu’on se débarrassait de Josiane j’ai répondu : je ne suis pas à 8 jours, donc ce sera le 13 décembre, le plus tôt sera le mieux. Je savais qu’on me renvoyait, une fois de plus les responsabilités. Ça ne me gênait pas. Je suis un homme responsable. Je l’ai prouvé souvent dans ma vie. Dans  l’équipe de l’hôpital, le seul qui a su me parler c’est le médecin qui a sauvé Josiane le jour de la rupture d’anévrisme. Je dis qu’il l’a sauvé car le fait de masser ses carotides a fait circuler lentement le sang dans son cerveau. Le cerveau à toujours été alimenté en oxygène et la blessure a du se refermer en partie. Cet homme m’a téléphoné car il y avait deux examens de prévus pour contrôler que tout va bien. J’ai refusé qu’on fasse un autre IRM sans prendre de précautions particulières. Je demandais que Josiane soit endormie le temps de l’examen. Ce n’est pas demander la lune je crois. La chef de service s’y est formellement refusée lors de notre altercation, la dernière fois où je l’ai vue. Malgré ce qui est arrivé à Josiane ils ne peuvent pas admettre qu’une personne qui est claustrophobe puisse mourir de peur. La seule chose qui compte pour eux c’est de terminer un protocole. Heureusement que d’autres médecins sont plus compréhensifs. Le deuxième examen de contrôle était sans difficultés car il s’agit seulement d’un scanner. Le problème c’est qu’on doit injecter de l’iode à Josiane pour faire cet examen. C’est contraire à son cancer de la thyroïde. J’ai contacté le Professeur à Paris et il m’a dit ceci : si sa TSH est stable je n’y vois pas d’inconvénients. Sa TSH n’a jamais été stabilisée puisqu’on ne lui donnait pas le bon traitement. Je me suis assez battu pour ça. On me disait c’est secondaire. Mais quand Josiane est sortie, puisque nous n’avions aucun dossier médical, nous avons cherché pourquoi ils donnaient de la cordarone. Ce médicament a  la particularité de créer des problèmes de thyroïde. Sympa comme découverte ! Après ils diront que ce sont des médecins. Moi je dis que ce sont des technocrates de la médecine. A part le fait d’appliquer un protocole dans un cas précis ils sont incapables de faire autre chose. Je dois dire que ce médecin a été très compréhensif. Il m’a dit : on n’est pas à quelques mois quand on a la vie devant soi. Il a été le premier et le seul à dire : votre femme est une miraculée ! Ce qu’il faut savoir c’est que je suis dans un piège. Ils m’ont renvoyé cette responsabilité de leur incompréhension, et de leur incompétence, en disant que c’est moi qui refuse ces examens. Je sais que ces examens sont indispensables. Moi le premier, j’aimerais être rassuré que tout va bien. Chaque jour je vis dans la peur qu’il lui arrive quelque chose. Dès que je ne l’entends plus respirer je panique. Pour se couvrir, la chef de service de cet hôpital, dans sa dernière lettre disait que dans son hôpital ils ne sont pas équipés pour endormir Josiane. J’appelle ça se foutre du monde ! En plus à Paris on a toujours évité de donner de l’iode a Josiane car dans sa famille plusieurs personnes, dont sa mère y sont allergiques. Je me rappelle le premier jour où on a vu Josiane sur son lit. Laetitia m’a dit : tu es sûr que maman n’a pas fait un œdème de Quinck ? Son coup était enflé et dépassait sa mâchoire. Je lui ai répondu : de toute façon elle est tubée donc elle ne risque pas de s’étouffer. Aujourd’hui je sais que pour faire l’embolisation de son anévrisme ils ont nécessairement utilisé de l’iode. Mais le contexte était totalement différent ! Peut-on prendre des risques inconsidérés sans prendre des précautions élémentaires ?

 

Je sais, ils se vengeront en me disant que je ne suis pas un médecin et que mon savoir de technicien en chauffage ou climatisation, ainsi que l ésotérisme ne me donnent pas ce droit de les juger. Pourtant j’ai une chose importante à leur dire. Je suis convaincu qu’ils sont en train de faire un baroud d’honneur. Une autre médecine va venir bientôt. Elle sera accessible à tous. Sur internet des associations rassemblent des données précieuses. Le jour où toutes ces données seront regroupées avec le savoir des médecins dans une banque de données, une autre médecine va naître. Les futurs médecins pourront y chercher les différentes possibilités de maladies en fonction des symptômes que décrira le malade. Le médecin aura plusieurs choix et c’est son expérience et son savoir qui guideront ses choix d’investigation. Actuellement les médecins  font tout pour conserver ce pouvoir que leur donne leur savoir. Vous me faites penser aux religieux qui interdisaient aux gueux de savoir lire de peur qu’un jour ils découvrent d’autres vérités dans la Bible. Ils avaient peur que les gueux interprètent les textes sous un autre angle. En faisant cela les religieux conservaient le pouvoir sur les hommes. Vous faites la même chose. C’est la fin.

 

Je ne voudrais pas terminer sans préciser une chose qui me tient à cœur. En discutant avec ces gens qui vivaient l’horreur dans cette salle d’attente, je me suis rendu compte que presque tout le monde allait voir des religieux ou des médiums. Même ceux qui d’habitude sont réfractaires à ces pratiques. On essaie de se raccrocher à tout ce qu’on peut. J’ai dit au début de ce texte que j’avais même utilisé la magie pour sauver Josiane. Les toubibs vont bien rigoler quand ils vont lire ça. Sur internet j’ai contacté des mages pour qu’ils me donnent la définition exacte de la magie. Je faisais ça pour une bonne raison. C’est Stéphane qui m’a donné la bonne définition et pourtant il est loin de tout ça. La magie c’est : utiliser un support et des prières pour obtenir quelque chose. J’ai toujours dit que le fait de brûler un cierge qu’on a payé et faire une prière pour demander quelque chose, c’est de la magie. En appliquant un protocole de médecine, en suivant des dates, n’est ce pas de la magie ? Vous me direz que non, puisque qu’il manque la prière. Détrompez-vous! Ceux qui pleurent dans la salle d’attente n’ont que ça à faire : prier. Dans la chambre de Josiane il y avait une représentation d’une fresque. Il s’agissait d’une roue que des hommes font tourner. On m’a souvent demandé ce que signifiait cette fresque. En montrant les hommes je disais : vous faites tourner la roue à votre façon et nous on la fait tourner à notre façon. Résultat, ensemble nous faisions réellement de la magie.

 

Le principe de cette roue c’est de toujours la faire tourner quoiqu’il arrive. Et ceci de l’alpha à l’Oméga (du début à la fin). La roue est une « UNITE ». On ne doit jamais faire un X (une croix). Malgré toutes les difficultés, on doit se comporter en homme et se tenir droit comme un « I ». C’est le karma des hommes………

 

         Avant de quitter le centre, Josiane avait dit que je l’emmenais au restaurant. Les aides soignantes la blaguaient avec ça ! Elles disaient que ce n’était pas Josiane que j’allais emmener au resto, mais les aides soignantes. J’ai fait une grosse bise sur le front de Céline et nous sommes partis. Je n’avais rien d’autre à dire ! Eux non plus d’ailleurs !

 

         Récemment j’ai découvert 11 pages de courriers qui se promènent de toubibs en toubibs. Sur le coup je me suis dit : ils feront tout pour me détruire ! Dans ces courriers je peux vous dire qu’ils ne me font pas de cadeaux. Normalement ces courriers devraient être des infos concernant l’état de santé de Josiane. Tous ces courriers se terminent en parlant de moi. Ils n’ont aucun respect ! Après coup je me suis dit : c’est très bien car maintenant ils ne pourront jamais nier qu’au lieu de soigner les malades humblement, leur première préoccupation c’est d’être des êtres supérieurs. N’empêche que quand ils tuent des gens au lieu de les sauver, ils vous diront toujours que la médecine n’est pas exacte et que l’erreur est humaine ! Dans mon métier si je fais une erreur mettant la vie des autres en danger, je suis sûr et certain d’aller en prison. On dit souvent qu’un bon professionnel doit connaître les règles de l’art ! Et qu’il est responsable de ses actes…..….. Si demain je vends une installation de chauffage ou de climatisation à l’un de ces toubibs et que cette installation ne fonctionne pas : que feront ils ? Un procès c’est sûr ! Si cette installation se révèle dangereuse et tue quelqu’un : j’irais en prison. C’est sûr aussi ! Eux, ils ont tous les droits et peuvent par la même occasion salir mon image en parlant de moi dans des comptes rendus médicaux concernant ma femme. Cela va plus loin encore, car ils parlent même de mes relations avec mes filles sans connaître la réalité des choses. Non seulement c’est une atteinte aux libertés individuelles mais aussi une atteinte à l’image individuelle. Sans oublier, que dans ces problèmes ils ne sont pas innocents !

 

Je me suis rendu compte que lorsqu’on est hors système tout devient un autre calvaire. Je dis hors système car le fait de ne pas être sous tutelle, ou que la famille s’investisse au mieux, tout devient compliqué. Je suis resté en contact avec certaines personnes qui sont dans le même cas que moi. Si on fait le maximum pour le malade, une fois qu’on a quitté ce centre on se retrouve seul avec nos problèmes. Nous devons refaire tous les examens pour avoir un suivi médical, avec d’autres médecins. Pour avoir les dossiers médicaux, malgré les lois, c’est la croix et la bannière. On ne nous donne que des comptes rendus ou les toubibs se congratulent. Hormis cela il faut refaire toutes les démarches administratives alors que dans ces centres ou ces hôpitaux des gens sont là pour ça. A chaque fois j’ai entendu la même phrase : on nous a jeté et démerdez vous. Je voudrais qu’on essaie d’imaginer le nombre de parents qui ont donné toute leur énergie pour aider l’un de ces patients, et qui doit tout recommencer au moment où il croyait pouvoir souffler un peu ! Combien d’entre eux vont sombrer dans une dépression ? Certains en meurent je le rappelle ! L’énergie n’est pas inépuisable.

 

         La réussite du rétablissement du malade tient à 95% à l’investissement de la famille envers le malade. C’est une stimulation indispensable. Alors je pose une question : pourquoi on ne nous aide pas au lieu de nous combattre et nous laisser nous battre seul, envers et contre tous. Moi j’ai eu la chance d’être un homme qui a la rage de vivre. Ce n’est pas le cas des autres. C’est sûrement la raison pour laquelle on n’en entend jamais parler, car les autres se replient sur eux même, et acceptent la situation comme une fatalité. Si les toubibs de ce CHU ont mis autant de rage à essayer de me détruire c’est qu’ils ont très vite compris que je n’étais pas comme les autres. D’ailleurs j’ai très vite annoncé que je n’accepterais jamais ce manque d’humanisme, ni que j’accepterais que ces gens se croient supérieurs à nous par leur savoir.

 

         Dernièrement j’ai emmené ma femme dans un hôpital parisien. Le but était d’organiser son suivi médical indispensable pour elle, et pour nous la famille. Je dis nous la famille car nous avons besoin d’être rassurés sur l’issue de cette rupture d’anévrisme. Cet hôpital est loin d’avoir l’image de l’hôpital où a été soignée ma femme. La structure est très ancienne. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à cette clinique du croissant rouge où j’ai été opéré au Maroc. Les installations étaient très anciennes et même archaïques. J’avais eu une discussion avec le chirurgien qui m’avait opéré à cette époque là. Il m’avait dit qu’ils faisaient des miracles avec l’humanisme pour combler le manque de moyens techniques. Ce n’est pas du tout la même situation que dans cet hôpital parisien mais l’accueil a été le même que dans cette clinique Marocaine. Je vais donner un détail simple qui pour moi a une très grande importance : la professeur de Paris n’hésite pas à mentionner son prénom sur les papiers qu’il nous fourni. Cette femme a même insisté pour nous donner son numéro de téléphone au cas où il y aurait un problème un jour. Ensuite elle nous a fait des dessins pour nous expliquer ce qui est arrivé à ma femme. Cela me rappelle que le seul qui avait été capable de tout m’expliquer c’est un petit toubib de campagne qui remplaçait notre médecin traitant. Il avait passé plus d’une heure à  nous expliquer tout en détails et même nous faire des dessins. Je me rappelle que lorsqu’il a passé la porte il m’a dit ceci : rendez vous dans une autre vie. Je n’ai jamais su pourquoi il m’a dit ça car on n’a jamais abordé ce sujet là. J’ai toujours dit que les bons médecins sont un peu médiums alors………..

 

         La question cruciale aujourd’hui c’est la sécurité de ma femme. Nous nous trouvons à 60 km de cet hôpital et si ma femme devait faire une rechute je serais obligé de la ramener vers ces toubibs qui nous ont fait tant de mal. Je ne pourrais jamais leur faire confiance et même si je devais ravaler ma salive devant eux, quelle serait leur réaction en me voyant avec ma femme au plus mal ? Est ce que la solution ne serait pas de déménager et revenir sur Paris ? Non seulement je n’en suis pas sûr, mais en plus ce ne serait pas normal qu’on soit obligé de déménager pour fuir des médecins qui se conduisent comme des tyrans. Le calme de la campagne est sûrement plus bénéfique pour ce genre d’accident que le stress parisien. Il faudrait refaire toutes les démarches administratives, trouver un logement adapté pour handicapé, puis déménager, etc. Tout cela pour être en sécurité morale. C’est un comble quand même !

 

         Récemment j’ai rencontré le médecin chef de la CPAM. J’avais envoyé une lettre pour l’informer de tous ces problèmes et je m’étonnais que la CPAM ne se porte pas partie civile dans ce genre de situation. Il ne faut pas oublier que ma femme a fait 6 semaines de trop en réanimation à cause de négligences graves : déshydratation complète. Dans un hôpital et dans un service de réanimation neurologique c’est grave quand même !ça prouve un manque de soins évidents. Une fois de plus je me suis rendu compte que tous les médecins font bloc quand l’un d’eux est attaqué. Ce que m’a dit ce médecin est simple : il ne voyait aucun problème de remboursement des examens de suivi à Paris ou ailleurs, mais il ne voulait pas entendre parler des problèmes de frais de transport. Il m’a dit aussi qu’il valait mieux oublier les griefs et profiter du soleil ! C’est hors de question car si ma femme s’en sort très bien ce n’est sûrement pas grâce à ces médecins. On préfère protéger les autres que d’aider les cotisants. Si le pire est derrière nous, d’autres le vivent, encore, aujourd’hui. Il faut stopper cela !

 

         Il est difficile de croire que ces faits sont individuels car c’est une mentalité qui sert de rempart à ces médecins. Quand ils disent qu’il est préférable de nous maintenir dans le pire, pour que le jour où le pire arrive, on soit prêt à accepter le pire, eux se protègent du pire ! Porter plainte ? Je n’ai jamais cru à la justice contre les médecins. Je l’ai fait quand ma mère a dit qu’elle s’était fait violer, par un médecin, lors de sa dernière hospitalisation. La plainte a été classée sans suite avec la mention : non recevable. Le médecin a été déplacé à Nancy pour classer l’affaire et ma mère s’est laissée mourir. Je précise de suite qu’en ce qui concerne ma femme il ne s’agit pas du tout d’une vengeance contre le corps médical ! Il y a des bons et des mauvais médecins. En plus il n’y a pas que des problèmes liés aux médecins, il y a aussi ces pseudos fonctionnaires qui croient avoir tous les droits en utilisant « le copinage ». Le fait d’exiger  des droits on devient des parias et les lois sont caduques. On les agresse en réclamant des droits ! Le harcèlement ça tue aussi ! Je parle du harcèlement car ensuite ce sont eux qui nous harcèlent pour montrer que ce sont eux les plus forts. Une façon d’avoir le dernier mot et on a rien à dire !

 

Il faut faire changer ces mentalités…………………….

 

         Très souvent on m’a dit que ce combat pour aider les familles, et rendre ces problèmes plus humains, c’était comme un coup d’épée dans l’eau. Je répondais que le peu d’éclaboussures c’était sur eux qu’elles iraient. Si personne ne fait rien il est sur que ça ne changera jamais ! Ce combat sera le mien et je sais que je serais comme un pavé dans la marre. Les eaux seront boueuses mais petit à petit elles s’éclairciront.

        

Josiane est rentrée chez elle un vendredi 13. Toute ma vie a été ponctuée de vendredi 13. Une autre façon de me rappeler le nombre 13. Il y avait autre chose ce jour là de très sympa. C’était le jour de la sainte LUCIE : patronne de la lumière

 

Josiane ensuite, a été hospitalisée en juin 2003, à Paris. Lors du contrôle les médecins ont fait un complément d’embolisation. 5% des gens font une récidive. Josy faisait partie des 5%. Le plus étrange c’est que josy a été hospitalisée le 23 juin : jour de la St DIEU ou fête des Pères. Etrange coïncidence.

 

         En plus de ce signe, que j’attendais de Dieu, j’ai reçu une chose énorme. En fait il s’agit d’une clef que je cherchais depuis le début de ces écritures. Personne ne pourra nier que j’ai vécu le texte de l’apocalypse du début à la fin durant toute ma vie. Dans ce texte il y a un paragraphe qui dit qu'il faudra briser le septième sceau pour trouver le savoir. En fait il s’agit de la septième clef. Il me manquait cette clef. Depuis le début je sais que la lettre M est une clef essentielle. Le mot Merci est une clef ultime puisque dire Merci c’est l’Espérance d’une Rencontre Certifiée Intime. Avec qui ? Cela c’est à vous de le trouver ! Le but là haut c’est de construire la Jérusalem qui est symbolisée par un carré. Au début des écritures j’avais eu une croix normale faite avec des M symbolisant Marie, Moïse, le Messie et Mahomet. J’avais oublié cette croix et pourtant la clef était sur cette croix que j’avais dessinée. Un jour par hasard j’ai vu la lettre grecque qui est Epsilon. C’est un M tourné vers la droite. Je me suis dit ce n’est pas un hasard cette lettre. Nous avons cherché et j’ai découvert des Epsilons sur saturne par exemple ou dans des formules mathématiques. Mais ça ne me convenait pas. J’en parle à ma fille Laëtitia et comme par hasard nous sommes devant la porte de l’hôpital. Tout bêtement elle me dit : Epsilon veut dire « ensemble » d’ailleurs c’est pour cela qu’on a pris cette lettre là pour faire le symbole de l’euro (€). Moi depuis le début je cherchais l’unité des M et je venais de découvrir un M qui signifiait « ensemble ». Le soir même Blaise m’a fait dessiner une croix nouvelle uniquement avec des « M ». En fait cette croix se fait avec 4 M. Elle est la même que l’étoile a 8 branches sauf que les M sont a l’envers.  Il s’agit du W de l’oméga (un M renversé) d’epsilon à droite puis de ce M (Merci) en bas et un 4e M l’inverse d’epsilon à gauche. Tous les M sont reliés par les pointes du haut du M. Le tout forme une croix avec un carré au milieu et 4 chemins différents pour aller au centre du carré. Plus tard Blaise me dira de mettre cette croix dans un cercle, pour concrétiser « l’unité ».

Tout simplement je pouvais écrire ensuite :

 

En OMEGA tous ENSEMBLE nous pourrons dire MERCI à……..mais pour le 4e M je n’avais pas de signification. Et Blaise m’a donné le mot clef. Il pouvait s’agir de Marie, du Messie, de Moïse ou de Mahomet mais ça ne collait pas. Blaise depuis le début me disait que Dieu était Merci mais ça collait mal. Le mot clef c’est le « Maître des univers ».

 De là nous pouvons écrire :

 

En OMEGA tous ENSEMBLE nous dirons MERCI au MAITRE des univers et il en sera MERCI.

 

C’est une unité totale ! D’où l’importance du cercle autour de cette croix.

 

 

         Dans ce site, que j’avais, j’ai refusé délibérément d’y mettre le coté spectaculaire que certains ont cherché en vain. Je ne voulais pas faire un site pour faire la démonstration des écritures automatiques. Je voulais seulement y raconter mon chemin parcouru avec ces écritures. J’ai fait un résumé de ma vie et l’on peut constater que je n’ai jamais maîtrisé mon destin. Certains peuvent dire que je suis maudit avec cette vie tumultueuse. Je ne raisonne pas de cette façon. D’autres m’ont dit souvent que je suis un guerrier de KALI et que tout faisait partie de mon karma. D’autres me disaient aussi que j’étais un chevalier de lumière pour servir Marie sur terre. A chaque fois que j’ai essayé d’en parler à des religieux la réponse était toujours la suivante : c’est l’œuvre de Lucifer. J’ai même entendu un curé me dire : vous êtes sûrement un ange déchu qui fait son repentir. Dans le site il y avait  une photo que j’ai prise dans une église le jour de la Pentecôte (le mystère du St Esprit). Le diable a t il le droit d’œuvrer dans une église ? Tout ce chemin parcouru a été un enseignement sur mes combats dans ma vie mais aussi sur ma réalité sur terre. Blaise m’a dit souvent : n’oublie jamais tes idées et ce que tu as vécu sur terre. Tu en auras besoin là haut ! Mon pseudo est : Mercure, depuis très longtemps. Suis-je un messager qui devra témoigner là haut ? Nous sommes à l’ère d’un changement pour les hommes (Verseau) (quel changement ?).Personnellement j’en suis convaincu. C’est devenu indispensable (élévation de conscience)!

 

         Tout au long des textes qui sont dans la Lettra(le site), j’ai refusé de dire qui est Blaise. Bien sûr il s’agit d’un pseudo. Il suffit de relire les premiers écrits pour savoir que l’enfant c’est Jésus, que sa mère est Marie et que le message qu’on doit porter au père c’est la Lettra qui est une offrande à Dieu. On peut se demander pourquoi Jésus veut porter un message à son père ? Certains chercheront la solution dans les textes de la Bible. D’autres diront que Jésus est en nous tous. D’autres diront que nous avons tous une parcelle de Dieu en nous et que là haut ils voulaient nous envoyer un message. La solution est peut être dans le premier texte de la Bible. Dès le départ, Blaise m’avait précisé que la Lettra ne devait pas servir à diviser mais à unifier. Peu importe si vous êtes Juif ou Chrétien ou Musulman. Avant d’être Chrétien, Jésus était Juif. C’est pour cela qu’il disait : je suis l’alpha et l’oméga. Je suis le début et la fin disait cette phrase. S’il revenait sur terre aujourd’hui il dirait la même chose sans oublier les musulmans, et ce qu’il serait ensuite. Le principe de l’Alpha et de l’Oméga c’est d’aller le plus loin possible pour trouver Dieu après l’Oméga. Quand on vient sur terre chacun doit faire un chemin personnel. Il s’agit de son Alpha (la naissance) jusqu’à son Oméga (la mort). Personne ne fait le même chemin mais la fin est toujours la même.

 

         Mon but dans cette vie c’est d’aller dire Merci à Dieu de m’avoir fait Homme. Je ne sais pas si je pourrais le faire en revenant là haut cette fois ci. J’espère que si je dois revenir sur terre, après cette vie là,  je n’oublierais pas ce but que je me suis fixé. Je sais que les hommes sont à un tournant de leur existence sur terre. Il y a encore beaucoup, beaucoup de travail à faire. Souvent j’ai l’impression d’être seul dans un monde qui m’est complètement hostile. Je ne suis pas le seul à dire ça. Peut être que j’ai trop vécu dans ce monde et que je suis fatigué. Tout ce que je sais, c’est que j’y reviendrais encore.

 

         J’ai terminé ce texte le 2 février 2003 un petit clin d’œil pour eux là haut. Il suffit de prendre un calendrier pour comprendre.

 

                MERCI    BLAISE…….. 

 

                        

 

         MERCI MARIE……………

 

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