Sur le chemin du retour dans l’avion, alors que je survolais l’Arabie le long des côtes de la mer rouge, j’ai fait le vœu d’y revenir un jour. Je savais que je n’étais pas venu dans ce pays pour rien. J’ai vu la misère côtoyer les plus grandes richesses. J’ai vu le moyen âge côtoyer les extrêmes du modernisme, mais j’en suis revenu convaincu que Dieu existait !
J’étais convaincu que j’étais protégé par un ange gardien et qu’il me sauvait toujours au bon moment. Ce qui me gênait malgré tout c’était ce problème de la Pentecôte, toujours présente chaque année bien sûr, mais toujours aussi marquante. Jamais rien de grave mais il se passait toujours quelque chose. A cela s’ajoutaient les Vendredi 13. En revanche ils ont toujours été positifs pour moi.
L’année suivante je suis retourné en Arabie mais du coté du Golf Persique. Je suis parti avec un copain d’enfance de Josiane. Partir à deux c’est beaucoup plus facile moralement. Bizarrement, je suis parti à la même date que l’année précédente et nous sommes aussi revenus à la même date. Je n'ai pas apprécié cet endroit comme la fois précédente.
La différence au cours de cette expédition, c’est que cette fois, j’étais chez l’autre composante de la religion musulmane. Je n’ai pas aimé ce genre d’intégrisme. Il y avait certaines choses que je ne pouvais accepter dans cette religion. Comme le port du voile pour la femme par exemple. Je n’ai vraiment pas accepté leur totalitarisme. Et pourtant je me faisais une joie de m’y trouver et de pouvoir y retourner encore une fois pour essayer de comprendre !
De ce voyage j’ai gardé un souvenir inoubliable des ouvriers philippins qui travaillaient avec nous. Des petits bons hommes, petits en taille, mais avec des cœurs gros comme des soleils. La connerie du système c’est que plus ils travaillaient et plus je gagnais de d’argent. Avec Patrick on a décidé de leur donner des primes de notre poche et dès le lendemain on a doublé la production.
J’avais embauché Patrick car je ne pouvais plus travailler tout seul : trop de travail. Mon frère qui travaillait de nuit dans l’imprimerie venait aussi nous aider la journée. Il faut dire que mon frère ne m’a jamais réellement quitté : j’étais son frère, son père et sa mère à la fois. Donc dès que j’avais besoin de son aide : il était là.
La société pour laquelle nous étions partis en Arabie avait fait faillite et nous étions là bas en nous demandant si nous serions payés un jour. Au même moment les américains ont attaqué Téhéran et ont échoué dans leur attaque. Chaque vendredi j’appelais Josiane et nous avions un code au cas où il serait nécessaire que je rentre d’urgence. Je savais que nos communications étaient écoutées alors Josiane me demandait si j’avais mon passeport (c’était le code) et je lui demandais de m’expliquer tous les problèmes entre l’Iran et les USA. Le lendemain les avions armés jusqu’aux dents n’arrêtaient pas de balayer le ciel au dessus de nos têtes.