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     De ce village je me souviens de la chapelle en 
granit et du petit bois derrière cette chapelle. Je me souviens aussi de mes 
escapades en vélo ou en patinette avec ma cousine, et les filles du village. A ce 
sujet je me demande encore pourquoi on m’interdisait de jouer avec certaines 
filles de ce village ?… On allait chercher le lait à la ferme du village 
tout en haut ou était enterrée la grand mère Albert. La tradition voulait qu'on 
aille couper des dahlias dans le jardin de ma tante et qu'on aille les déposer 
sur la tombe de la grand mère mais aussi d'un bébé qu'avait eu Mathilde.  
            En 1958 le Maire 
de Pantin nous a relogés dans des HLM tout neufs. Une cité réputée pour son 
modernisme à l’époque. Une de ces grandes cités, où l’on se perd. C’est là que 
j’ai commencé à découvrir la réalité de la vie.  Nous avions dû laisser mon 
chien à une voisine car les chiens étaient interdits dans cette cité. Il me 
manquait beaucoup et je devais probablement lui manquer aussi. Un jour le 
cantonnier m’a raconté que c’était lui qui avait enterré mon chien. Depuis notre 
départ, il avait toujours passé sont temps à nous attendre sur le trottoir 
jusqu’au jour où il s’est jeté sous une voiture. 
            L’école était en 
préfabriqué et je m’y sentais bien. L’autre, la suivante, était encore en 
construction.  Elle se trouvait juste en face de chez moi et je n’avais que la 
route à traverser. Je m’y suis fait de nouveaux copains et les escapades étaient 
faciles dans cette multitude de bâtiments en construction. Une bande d’amis 
s’est vite formée. je me souviens d'une sensation de liberté à cette époque là. 
            
Dans ces années là 
c’était la guerre en Algérie. Une épée de Damoclès  au dessus de notre tête. 
Nous ne voulions pas entendre parler de cette guerre. Toute notre petite enfance 
nous n’avons entendu parler que de ça. Et si par malheur on demandait des 
explications sur tout cela, les seules réponses qu’on avait étaient “Tais toi, 
si tu avais connu ces horreurs tu n’en parlerais pas ! ” Mais notre avenir 
certain, c’était d’aller en Algérie faire la guerre.             
Pourtant la guerre d’Algérie était là et chacun d’entre nous savait qu’un jour 
ce serait notre tour d’y aller. Je me rappelle ces gars fiers comme des paons 
dans leur bel uniforme tout neuf, qu’on n’a jamais revus. C’est leur cercueil 
qu’on voyait revenir la plupart du temps…Ne me demandez jamais pourquoi je suis 
anti militariste. Plus tard on m'a raconté des choses horribles sur cette fausse 
guerre. 
            On était tout une 
bande de copains, on s’éclatait. Peur de rien. On voulait vivre un point c’est 
tout. Comme on était un peu trop bruyants on disait de nous que nous étions des 
voyous. On s’habillait dans les stocks américains : jeans et blousons de cuir ou 
moumoute d’aviateur. Avec le recul je me demande si les gens n’étaient pas 
jaloux de notre joie de vivre. Faut dire aussi que j’étais toujours prêt à faire 
des conneries : j’étais un kamikaze comme on dit. Je n’avais peur de rien et 
pourtant le père Martin ne me faisait pas de cadeaux. Souvent je rentrais en 
chantant: ce soir c'est ma fête....... Je fais ce qui me plait.........         La seule chose qui m’intéressait c’était les 
nanas. Je ne courrais pas après le jupon mais que c’étaient les jupons qui me 
courraient après ! J’étais toujours à part des autres : peut être un peu timide, 
mais réservé. Un ténébreux. Un piège à nanas. C’était ma façon de draguer. Je 
dois ajouter que ma façon de regarder les filles était aussi une invitation. Je 
suis le seul de la famille à avoir les yeux de ma grand-mère. Elle avait comme 
moi un regard très démonstratif. Des cheveux noirs et de grands yeux verts. Avec ce regard 
particulier, je n’avais qu’à compter mes conquêtes. Par contre je tiens à 
préciser que j’aimais bien être seul, à part des autres. Une façon d’être bien 
dans ma peau et j’aime toujours être seul. J'aime me retrouver face a moi même. 
            Les mobylettes 
étaient à la mode. Un copain nommé Joël, plus âgé que moi, m’avait appris la 
mécanique et surtout comment trafiquer les moteurs. Je suis vite devenu le 
mécano de service. Toujours les outils à la main ou à portée de main. Bien sûr 
j’avais la mobylette la plus rapide. Je me l’étais payée tout seul. Je 
travaillais le dimanche sur les marchés pour me faire de l’argent de poche. Joël 
s’est tué dans un accident de voiture quelques années plus tard.  Il est 
toujours resté pour moi un exemple et un point de repère. 
           
         
           
 
  
Ma première mobylette était identique. j'avais travaillé dur pour me la payer. 
J'aidais une femme âgée sur les marchés. 
                     
 
                    
Des petits bolides malgré les 49cm3. mais des gouffres à essence 
                       
Ensuite mes copains ont continué avec de grosses machines de ce genre là, 
       
 
               
Mais moi j'ai vite arrêté car je serais mort depuis longtemps avec ces engins. 
J'ai préféré 
                    
les grosses voitures avec plein de chevaux.........      
                          
Photos trouvées sur le Web. Très belles machines. 
  
            
 
     Celle ci appartenait à mon copain Roland. Quand il est 
mort j'ai demandé à récupérer cette mobylette 
          Elle était en pièces 
détachées, sans compter qu'elle avait séjourné dehors sans protection. 
                
Je l'ai remontée et elle tourne comme une horloge. Année de fabrication: 1968 
  
   
 

 
    
