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A l’école j’étais le premier de la classe et pourtant je passais mon temps à
faire l’école buissonnière. Pas facile de se cacher quand on habite en face de
l’école. Mon instituteur le savait pourtant. Entre nous, merci pour tout
Monsieur PATEAU ! Vous avez été un prof formidable pour nous tous. Un prof comme
on n’en fait plus. Grâce à vous, beaucoup de mes copains ont eu leur certificat
d’études alors que ce n’était pas gagné d’avance.
Je suis sorti de cette école avec le prix d’honneur et je suis rentré en 4ème
d’électromécanique dans le but de pousser le plus loin possible. On voulait
faire de moi un comptable car j’étais imbattable pour les mathématiques. Mais ce
n’était pas mon destin ! Par contre j'ai eu des problèmes avec l'algèbre
car je ne pouvais pas imaginer que je dépense de l'argent alors que mon porte
monnaie soit vide. Je ne comprenais pas qu'on puisse supposer ni de remplacer
des nombres par des Y etc. Ce prof m'a donné des cours le soir pour m'aider.
Le père
Martin devenait méchant car il avait dû changer de métier à cause de ses
poumons. Il était devenu marchand de bois. Il s’enfermait la plupart du temps
dans la salle à manger et son passe temps était de peindre des petits soldats ou de construire des meubles avec des chutes de bois, qu'il
récupérait à son travail. C'était un
artiste dans son genre. Il a gagné des concours avec ses petits soldats. Souvent
il m'emmenait avec lui visiter les invalides ou aller au marchés au puces. le
rituel était d'aller boire un verre dans un café ou jouait Django Reinhardt et
son orchestre. Mon père m'a appris a connaitre Napoléon qu'on méprise en France
et qu'on adule à l'étranger. Du coup je suis devenu fan de Napoléon.
Avant il gagnait bien sa vie et même suffisamment pour faire vivre sa famille.
Quand il a dû se reconvertir, ma mère a été obligée de travailler elle aussi. Le
problème c’est que la petite paysanne a commencé de voir la vie autrement. Cela
ne plaisait pas à mon père. Il devenait de plus en plus méchant. Je suis vite
devenu le protecteur de ma mère et de mes frères et sœur, et cela bien malgré
moi. Mais cela n’empêchait pas que le père Martin m’aimait bien. On se respectait
lui et moi, et je n’étais pas un souci pour lui. J’avais ma vie à moi.
Un jour nous avons repris un autre chien. A ce sujet je peux dire
que j’ai largement participé à faire disparaître cette interdiction concernant
les chiens dans les cités. C’était un drôle de chien que j'avais. Le soir je le sortais et
nous partions chacun de notre côté. Il savait toujours où me retrouver : chez
mes copains, à l'autre bout de la cité. Ensuite on rentrait tous les deux ou bien il rentrait tout seul si
je partais ailleurs. Ce chien était mon alibi pour sortir. Pour info j'ai eu des
chiens toute ma vie. J'ai eu quelques chats aussi.
Quelques
temps plus tard, ma mère a décidé de quitter le père Martin… et ce fût le
Clash ! Cette décision a bouleversé ma vie et tout mon petit univers que
je m'étais construit. Tout s’est fait en un éclair. Mon frère Jean Paul et ma sœur
Michèle sont partis chez ma tante Mathilde dans les Vosges. Mon frère Gérard est
resté seul et j’avais pitié pour lui. Son rôle était d’attendre son père, donc
le père Martin, et de lui annoncer la nouvelle. Quelle horreur ! Moi j’ai refusé
d’aller avec ma mère. J’ai récupéré ma mobylette ainsi que quelques affaires
personnelles et je suis allé me réfugier chez mes meilleurs copains : trois frères.
Je préférais être seul que de prendre parti pour l’un ou pour l’autre. Par la
suite, à cause de cette décision, je suis devenu le trait d’union et le seul
moyen de contact entre le père et ma mère. Ce que m'avait caché ma mère c'est
qu'elle était partie avec un autre homme......
Ensuite ma mère m’a trouvé une chambre d’hôtel en face du café où
elle était serveuse. J’avais à peine 16 ans et mon frère Jean Paul est venu me
rejoindre, lui n'avait que 14 ans a peine. Ma sœur est retournée chez son père car ils avaient décidé que
c’était moins traumatisant pour elle. Drôle de départ dans la vie pour tout
ce petit monde qui se dispersait.
J’ai quitté l’école d’électromécanique, la raison principale étant le manque de
moyens financiers. J’ai commencé de travailler à droite ou à gauche car rien ne me
plaisait. A cette époque j’ai fait 36 métiers. J'ai aimé travailler dans la
presse la nuit car ça me permettait d'aller faire la fête la journée. Souvent je
restais 3 jours sans dormir. En plus je gagnais bien ma vie mais à cette époque
on ne comptait pas les heures. D'ailleurs je travaillais souvent à la tâche et
pas à l'heure. Toute ma vie j'ai gardé ce principe de gagner mon salaire en
échange d'un travail donné.
A plusieurs reprises dans ma vie j'ai été convié a faire partie de la franc
maçonnerie et des compagnons du devoir. Une chose m'arrêtait car on refusait de
me dire quelle était la finalité de leur initiation. je savais qu'il y avait un
problème de religion et dès que j'abordais le sujet la réponse était un silence.
Donc je n'ai jamais fait parti de ce clan ou cette famille. Le hasard a voulu
que j'en croise souvent.