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14 Dès que j’avais un moment de libre
je retournais dans cette cité. C’était mon point de repère et si on me cherchait
et bien c’est là bas qu’on me trouvait.
cette avenue mesurait 500m et on
faisait des courses en mobylette: un aller et retour pour finir dans une
enfilade de virages en "S".
la nouvelle école et son gymnase.
A force de
dire que j’étais un voyou, je suis devenu un voyou, un peu par vengeance. Par
contre si j’ai été un voleur, c’est parce que je me faisais un plaisir de voler
les riches. Surtout pas un pauvre ni un vieux, ni un faible. Mon plaisir était de rechercher
la difficulté et de me servir de mon intelligence, pour faire des conneries. Il est certain que j’aurais
pu devenir plus qu’un simple voyou. Non seulement j’avais les ouvertures et les
contacts pour le devenir mais j’avais aussi l’intelligence nécessaire pour ne
pas en arriver là. Quand j'y pense j'aurais pu faire le pire si j'avais continué
avec certaines fréquentations. J’étais devenu un provocateur face à ceux de la génération de
mes parents. Ma mère disait souvent que je finirais à la guillotine. Une sorte de défi à la vie et aux autres.
A l’école j’avais appris à me
défendre. Je restais toujours avec les plus grands. Il m’est arrivé d’avoir deux
ans d’avance sur les autres et dans cette cité, la loi, c’était la loi du plus fort. C’est avec ses poings qu’on se fait respecter et je
dois dire que j’étais très doué pour ça, avec les pieds aussi ! Ma tante me
disait que je tenais ça de mon père géniteur car on l’appelait « pan-pan ». Son
truc c’était deux coups de poings. J’étais pareil sauf que je frappais qu’une
seule fois. Je ne prenais aucun risque et je frappais à coup sûr !
Un voyou
qui sait se défendre et se faire respecter se fait vite une réputation.
Réputation pour les mecs mais aussi pour les nanas. C’est comme ça que j’ai
connu Josiane. Elle était la protégée de la bande d’à côté et elle a entendu
parler de moi. J'étais connu comme le loup blanc. Nous avions une copine en commun et elle lui a demandé de me
rencontrer pour faire ma connaissance. Les gars de la bande d’à côté n’ont pas
apprécié. Donc pour les emmerder je suis sorti avec elle. Toujours peur de rien et
le défi ! j'étais un casse cou et un kamikaze.
Un jour
les flics m’ont arrêté : j’étais avec mon petit frère et mon copain Roland. Pour
que mon frère s’échappe, je me suis fait prendre et mon copain Roland aussi. Le
pire c’est que c’était pour une simple connerie. J’avais fait des bêtises énormes et je
me faisais prendre pour une connerie minuscule. En fait les flics ne nous ont
pas pris pour ce qu’on avait fait réellement ce jour là. Le lendemain ils m’ont
amené chez moi (à l'hôtel) et comme par hasard c’était l’anniversaire de ma sœur:
un 18 Février. Ma mère
était en train de couper le gâteau et je suis arrivé les menottes aux poignets.
J’étais encore mineur et il fallait que ma mère signe les papiers pour que je
puisse sortir. Elle a refusé. J’ai passé 5 jours au dépôt, à Paris, car la justice ne
savait pas quoi faire de moi. La journée on me conduisait dans une salle de jeux
et c’est là que je recevais mon unique repas de la journée. Pour me venger j’ai
volé un jeu de trois dés que j’ai réussi à passer partout malgré les fouilles.
Par la suite chaque fois que je devais prendre une décision je lançais ces dés
qui resteront des fétiches pour moi.
Mon copain
Roland lui était libre ! Le pire c’est que je n’ai même pas pensé à mon père.
Avec le recul je sais qu’il aurait signé pour me faire sortir mais c’était mon
destin. J’ai chialé de rage comme un môme. J’avais une rage terrible en moi. Mon
Karma avec les femmes venait de commencer....
Ils se
sont tout bonnement débarrassés de moi en me plaçant dans une maison de
correction ou de réadaptation : je ne sais pas la différence. J’y suis resté 3
mois: 105 jours exactement. Heureusement il y avait deux éducateurs formidables. Ils ont compris que
le seul moyen de m’aborder c’était de me respecter et de se conduire en homme
avec moi. Souvent je me mettais à l'écart dans la salle de jeux... J'avais
une copine qui m'écrivait et se faisait passer pour ma sœur. Un jour l'éducateur
m'a dit: tu diras à ta sœur d'être un peu moins gentille avec toi...... Il avait
compris. Hé oui le courrier était lu et censuré......
Ils m’ont appris à souder car
je l’ai exigé. Je savais qu’en soudant j’aurais la possibilité de devenir petit
compagnon chauffagiste. Je suis passé du psychologue au psychiatre car je
refusais de dire que j’avais fait des conneries à cause du divorce de mes
parents. Cela me faisait rire et je prenais un malin plaisir à leur dire que je
volais parce que j’aimais ça. Je n’admettais pas
de rejeter la faute sur les autres pour m’en sortir. Depuis ce moment j'ai
toujours détesté les psys et je m'amusais avec eux. Ces gens là veulent nous
imposer leurs idées et leur façon de voir la vie. Ils sont pire que des curés.