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Il faut dire aussi que la mère de Josiane
ne m’a rien épargné. J’avais la rage une fois de plus. C’est à partir de ce jour
que je n’ai plus été copain avec Angèle, sa mère. Je crois bien que
c’était réciproque. Le problème c’était que Josiane ne pouvait rester sans voir
sa mère. Je ne l’ai jamais empêché de voir sa famille. Je la déposais devant la
porte et je revenais la chercher à une heure précise. J’en faisais autant en ce
qui concernait ma mère car je ne lui ai jamais pardonné de m’avoir fait enfermé
pour se débarrasser de moi.
J’ai repris mon travail de
chauffagiste. Rien n’était facile : c’était le combat de la vie ! Je refusais
que Josiane travaille. Elle a travaillé mais ça ne collait pas. Laisser les
enfants seuls à la maison, c’était ma hantise. Un jour on a frôlé l’accident et
depuis ce jour là, Josiane n’a plus jamais travaillé à l’extérieur.
Laëtitia est née le 3 Octobre
1970. Je peux dire que celle là, on l’a voulu. Notre niveau de vie s’améliorait
et je gravissais les échelons petit à petit, surtout en changeant de patron.
J’étais toujours chauffagiste. L’exemple de mon père, de mon oncle, de ce prof à
l’école et de cet artisan qui m’a appris ce métier, bref tout cela m’a donné le
virus : être le meilleur. Je suis un technicien dans l’âme et un excellent
manuel. Ce métier, c’est ma raison d’être et il m’a permis de m’exprimer tout en
étant seul. La première chose qui m’a attiré dans ce métier c’est l’odeur du
métal chaud : les locomotives. Plus les chaudières étaient immenses, plus
j’avais l’impression de dominer la puissance du feu.
En 1976 j’ai créé ma propre
entreprise. Fier d’être un artisan. Je peux dire qu’on a dérouillé et que ce ne
fût pas facile. En 1979, un jour où j’étais en panne de travail on m’a proposé
d’aller travailler en Arabie Saoudite. Encore le destin ! J’y suis allé, seul,
laissant toute ma famille derrière moi. Tout s’est fait sur un coup de dés.
J’étais parti pour 3 mois mais je suis rentré au bout de 45 jours. J’ai
travaillé jour et nuit. Je n’avais qu’une hâte : rentrer chez moi. A peine
rentré à la maison, on me proposait de travailler sur un des plus gros chantiers
à Paris et là ce fût l’engrenage ! Je m'étais fait une réputation dans ce
métier: réaliser l'impossible.........
Ma troisième fille, Sabrina,
est née le 3 Mai 1978. En fait elle aurait dû naître le 4, mais c’était
l’Ascension. Les médecins ont préféré avancer sa naissance par sécurité. Josiane
avait été opérée d’un décollement de rétine suite à un choc. Deux mois dans
l’obscurité et clouée sur un lit sans pouvoir bouger. Deux opérations en
catastrophe pour sauver son œil donc impossible d’accoucher sans être
anesthésiée. A ce sujet je voudrais remercier ses infirmières qui se sont si
bien occupées d’elle. Ces femmes ont été formidables !
L’année suivante Josiane s’est
fait opérer d’un cancer de la thyroïde. Quand le médecin m’a annoncé la
nouvelle, je suis resté sans parler pendant un mois. J’avais 30 ans et la pilule
fût très dure à digérer. Il s’en passe des choses dans la tête. Avec le médecin
nous avons décidé de ne jamais lui dire la vérité. Je devais tout lui cacher. Au
début on se dit il faut gagner du temps mais ensuite on se demande souvent
combien de temps il reste encore. Ma décision fût de dire qu’il fallait vivre à
tout prix ! Vivre vite et bien ! C’est d’ailleurs cette décision qui m’a motivé
pour partir de nouveau travailler en Arabie…
J’ai décidé de me retirer et de laisser Josiane
profiter de ses filles au maximum. Je voulais que mes filles profitent le plus
possible de leur mère. Au début, quand Josiane s’est retrouvée enceinte de
Sabrina je dois avouer que ce n’était pas voulu. Mais ensuite je me suis dit
qu’elle était un
vrai petit ange. Elle est arrivée dans notre vie au bon moment. Sabrina était
comme une poupée vivante pour ses sœurs et Josiane ne vivait que pour elle.